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 d’ADHEOS

 Une plaque reconnaissant la déportation pour motif d’homosexualité sera dévoilée aujourd’hui au camp de concentration de Natzweiler-Struthof, en Alsace. Une première obtenue par l’association des Oubliés de la mémoire, qui a dû batailler pour vaincre les oppositions. Récit.
 
Les coups d’éclats aux cérémonies du Souvenir sont révolus. Epoque où Jean Le Bitoux et les militants du Mémorial de la déportation homosexuelle s’en prenaient vertement aux représentants de l’Etat ou aux membres d’associations de déportés, qui refusaient de reconnaître la déportation pour motif d’homosexualité.
 
 
«Nous avons dû changer de méthode»
Aujourd’hui, une plaque «A la mémoire des victimes de la barbarie nazie, déportées pour motif d’homosexualité» sera dévoilée au camp de concentration du Natzweiller-Struthof, en Alsace (ci-dessous). Parmi les officiels, des représentants homos de l’association des Oubliés de la mémoire.
 
Pour arriver à une avancée aussi significative dans la reconnaissance des triangles roses, il a fallu changer d’approche. «Faire du rentre dedans était justifié quand les associations et l’Etat ne voulaient pas entendre parler de nous. La démarche avait un sens. Mais à partir du moment où le Premier ministre Jospin, en 2001, a fait un pas vers la reconnaissance de la déportation pour motif d’homosexualité, nous devions changer de méthode…»
 
Première demande en 2006
C’est ainsi que l’association des Oubliés de la mémoire a vu le jour, à l’aube des années 2000, pour devenir un interlocuteur crédible face aux pouvoirs publics et aux milieux de la déportation.
 
«A partir du moment où l’Etat changeait de position, il fallait travailler à intégrer le protocole républicain des cérémonies du souvenir, et se faire accepter par les associations. L’approche devait être différente, car la donne avait changé», assure Jean-Luc Schwab, membre de l’association, et auteur d’une biographie sur Rudolf Brazda, dernier survivant connu de la déportation pour motif d’homosexualité («Itinéraire d’un triangle rose», éditions Florent Massot, 2009).
 
Une plaque à Mulhouse, une rue à Toulouse

 
Les Oubliés de la mémoire et leur président, Philippe Couillet, ont effectué leur demande officielle de pose d’une plaque au Struthof en 2006. Le secrétaire d’Etat aux Anciens combattants a donné un accord de principe en 2007. Il a fallu encore trois ans pour faire bouger les lignes. Dans les associations de déportés, chez les responsables d’organismes de mémoire, la résistance s’est avérée tenace.
 
La commission exécutive du Struthof a d’abord émis un avis négatif. «On a dû faire un gros travail d’éclaircissement, car les gens confondaient l’homosexualité comme pratique forcée ou non, dans les camps, et comme motif de déportation…» déplore Jean-Luc Schwab, cheville ouvrière de ce travail d’explication, en Alsace.
 
A force de patience, de pédagogie, de psychologie, les Oubliés de la mémoire ont obtenu gain de cause. L’association est également à l’origine de la pose d’une plaque en mémoire de Pierre Seel, à Mulhouse, et a obtenu qu’une rue de Toulouse porte le nom du déporté alsacien. Ses membres interviennent dans des conférences, participent à des voyages de mémoire, et se placent désormais dans le carré des officiels, lors des cérémonies du souvenir. Pour la reconnaissance pleine et entière des triangles roses, 65 ans après la libération des camps.
 
A NOTER:
Une exposition: «Se souvenir pour refuser l’oubli», consacrée à la Déportation pour motif d’homosexualité, se déroule jusqu’au 30 septembre, Centre LGBT de Paris-Ile-de-France 61-63, rue Beaubourg – Paris 3ème (Métro Rambuteau)