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 d’ADHEOS

Pris depuis plusieurs semaines dans un scandale de pédophilie qui éclabousse son diocèse, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon depuis 2002, est un prélat de la génération Jean-Paul II connu pour ses positions ultra-conservatrices, notamment sur le mariage homosexuel.
 
Depuis que d’anciens scouts ont dénoncé les abus sexuels d’un prêtre qui les encadrait dans les années 1970 et 80, le prélat se défend d’avoir pris trop tard la mesure de la tempête dans laquelle la hiérarchie catholique lyonnaise risque d’être emportée, lui qui a toujours affirmé agir avec vigueur contre la pédophilie dans l’Eglise.
 
Des victimes estiment que le cardinal, mis au courant des agissements du père Bernard Preynat en 2007-2008 selon ses dires, aurait dû le démettre de ces fonctions dès lors.
 
Depuis la mise en examen du prêtre fin janvier, des plaintes visent l’archevêque lui-même, parmi d’autres responsables catholiques, pour "non-dénonciation" d’atteintes sexuelles et "mise en péril de la vie d’autrui", le père Preynat n’ayant été relevé de ses fonctions qu’en 2015.
 
Le parquet de Lyon a ouvert une enquête et le scandale s’est amplifié mardi après la révélation d’une nouvelle plainte visant le cardinal dans une autre affaire touchant un curé lyonnais.
 
Pas de christianisme cool
 
Né le 17 octobre 1950 à Rabat, dans une famille de onze enfants, cet évêque fait preuve du conservatisme le plus absolu sur les enjeux sociétaux comme le mariage homosexuel auquel il s’est farouchement opposé avec , en particulier, l’argument de "l’interêt supérieur de l’enfant". "Après, ils vont vouloir faire des couples à trois ou à quatre… Après, un jour peut-être, je ne sais pas quoi, l’interdiction de l’inceste tombera", déclare-t-il en 2012 après avoir rencontré le ministre de l’Intérieur d’alors, Manuel Valls.
 
Des propos qu’il avait tenté de nuancer par la suite, sans succès. Philippe Barbarin est l’homme d’Église qui va à la rencontre des sans-papiers et des Roms, use des réseaux sociaux mais avance aussi aux premiers rangs des manifestations anti-avortement. "S’il n’y a plus beaucoup de chrétiens en France, ce n’est pas mon problème. Mon problème, c’est que nous, chrétiens, ne sommes pas assez chrétiens", avait-il déclaré en arrivant à Lyon. "Je sais que cela choque mais je le répéterai : le christianisme cool n’a pas d’avenir."
 
Maître en philosophie et en théologie, après des études à la Sorbonne et à l’Institut catholique de Paris, il est ordonné prêtre en 1977 dans le diocèse de Créteil où il reste près de 17 ans avant de partir à Madagascar.
 
De retour de l’océan Indien, il devient évêque de Moulins avant d’être nommé Primat des Gaules en 2002 puis créé cardinal en 2003. A ce titre, il participe à deux conclaves, en 2005 et 2013, pour élire les papes Benoit XVI et François.
 
Mgr Barbarin s’est beaucoup investi auprès des chrétiens d’Orient menacés de persécutions, en particulier en Syrie ou en Irak où il s’est rendu à plusieurs reprises.
 
Chevalier de la légion d’honneur, il est l’auteur de plusieurs livres, dont en 2015 "Dieu est-il périmé ?"