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 d’ADHEOS

 Pour sa nouvelle campagne, le SNEG prévention a fait appel au dessinateur Xavier Gicquel, qui a réalisé une fresque de 16 personnages représentant la communauté LGBT. Pour TÊTU, il décrypte cette galerie de portraits
 
 «Prévention, Santé, Solidarité, Ensemble on fait la différence». C’est le slogan de la dernière campagne lancée par le SNEG prévention, la structure dédiée à la lutte contre le sida et les IST au sein du Syndicat national des entreprises gaies. L’idée? Représenter la communauté dans sa diversité, notamment pour en montrer l’ouverture plutôt que le repli sur elle-même. Et rappeler le besoin de solidarité et d’entraide pour que chacun y trouve sa place, s’accepte, et s’engage.

 
 
L’artiste gay Xavier Gicquel  a été sollicité pour réaliser cette composition, où chaque «tribu» se fait une place. Pour TÊTU, il décrypte le message véhiculé par tous ces personnages.
 
TÊTU: Quels sont les différents genres de la communauté LGBT que vous avez représentés?
Xavier Gicquel: Le propos initial était de représenter toute la communauté LGBT, pour une campagne de mobilisation contre le sida et que cela tienne sur une carte postale! À l’origine, il ne devait y avoir que sept ou huit personnages et au fur et à mesure, d’autres figures se sont greffées. À un moment il a bien fallu que je me limite. Je n’ai pas pu représenter tout le monde!
 
Je suis bien conscient que les gens désobligeants vont considérer cela comme des sortes de stéréotypes, mais c’était le principe même du dessin. J’aurais aimé représenter toute la communauté LGBT, quels que soient l’origine, le milieu social, la religion ou les fétichismes mais j’ai condensé. Le «bear» est en même temps ouvrier, le «clubbeur» en même temps sneaker, à chacun de se retrouver, même si ce n’est que dans un détail. J’ai aussi été obligé de «grossir le trait» pour qu’au premier coup d’oeil, on puisse cataloguer tout le monde mais mon ambition n’est ni de heurter, ni de ridiculiser qui que ce soit! J’espère que l’on peut sentir la tendresse que j’ai éprouvé à «inventer» chacun de mes personnages.
 
Au fait, pourquoi n’y a-t-il pas plus de filles dans votre dessin?
Le premier dessin comportait huit personnages avec les 4 personnages féminins: le couple lesbien, la fille transgenre , la fille «bi» androgyne. Il y avait parité absolue. Ensuite il est apparu comme évident de faire aussi figurer un homme plus âgé, trop souvent oublié dans la communauté gay, de retrouver celui que j’appelle «Billy Boy», le skatteur que j’avais dessiné pour les 20 ans du SNEG, et qui est devenue sa «mascotte». Je tenais absolument aussi à représenter un garçon aux cheveux longs, portant un T-shirt avec le drapeau BI.
 
Je suis sûr que la communauté lesbienne, qui a la chance d’être bien moins touchée par le VIH que la communauté gay, ne m’en voudra pas d’avoir symboliquement représenté plus de garçons! Question filles, j’aimerais faire à l’avenir avec le SNEG une campagne qui leur soit spécialement adressée. Je voudrais dessiner 14 personnages de lesbiennes. J’en profite pour lancer un appel : je suis à la recherche d’une fille susceptible de m’aider dans la définition de ces 14 profils!
 
 Quels sont les messages que vous souhaitez faire passer à travers ce visuel?
En premier lieu, un message de santé, pour rester mobilisés contre le VIH. Je reviens des USA où j’ai plein de copains qui galèrent pour payer leurs médocs. En France, les séropos ont 100% de leur traitement remboursé. J’aimerais que les gays ne l’oublient pas! Si la communauté LGBT ne se montre pas plus exemplaire, si elle continue de se déresponsabiliser, on risque d’avoir un sérieux retour de bâton!
 
J’aimerais aussi que les LGBT se montrent plus revendicatifs, plus militants pour obtenir les mêmes droits, en général, que les hétéros. Enfin, je voudrais que les LGBT soient plus solidaires et tolérants entre eux. L’homophobie qui me choque le plus est celle qui existe dans la communauté homo elle-même! On ne doit être ni vieux, ni «folle», ni «moche» , ni «typé»… Et je ne parle pas des transgenres qui vivent souvent un véritable chemin de croix. Dans ce dessin, j’ai une tendresse particulière pour le personnage du «garçon-fille», celle qui tient dans sa main un «Ken» vétu d’une robe. Ce personnage, c’est un peu moi il y a 25 ans. Aujourd’hui, j’en ai 45 et je me suis représenté en costume derrière celle sensée symboliser tous les transgenres. C’était pour marquer mon soutien.
  
Où pourra-t-on voir ce dessin?
Ce visuel a été imprimé en cartes postales et en affiches. On pourra évidemment les trouver dans tous les établissements adhérents au SNEG d’ici quelques jours. Le dessin original qui mesure tout de même un mètre, est actuellement chez moi. J’en profite un peu après trois mois à le réaliser. J’espère pouvoir ensuite l’exposer dans divers établissements.