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 d’ADHEOS

Guillaume et Patrick vont s’unir en novembre, grâce à un maire des Pyrénées qui veut provoquer un débat sur le mariage homo. Pour ces deux parisiens, c’est autant un geste d’amour qu’un acte militant.
 
Le 12 novembre, Guillaume (photo, à gauche) et Patrick (à droite) se diront oui pour le meilleur et pour le pire, le tout en mairie et avec un vrai élu… comme si la France avait enfin légalisé le mariage homo. Ces deux parisiens, de 48 et 37 ans, profitent ainsi de l’initiative de Jean Vila, maire communiste de Cabestany, une commune de 8.600 habitants proche de Perpignan. Prêt à se mettre hors la loi, il s’était déclaré volontaire pour marier des homos et cherchait des motivés pour faire le grand saut. Pour l’élu, il s’agit d’un acte «militant» et «politiquement fort», destiné à provoquer un débat sur la question.

 
 
C’est un peu par hasard que Patrick et Guillaume se retrouvent propulsés à la tête de la lutte pour le mariage homo. «Ma sœur habite Cabestany et elle nous a parlé de l’appel du maire, raconte Guillaume, galeriste. On s’est dit pourquoi pas. Nous l’avons contacté en juin et on a eu un bon feeling avec lui. La machine s’est lancée et tout est allé très vite.»
 
Geste d’amour
Ensemble depuis huit ans, ils n’avaient jamais vraiment songé à se marier et n’ont pas été séduits par le pacs, un «acte purement administratif et juridique». Si Patrick avait symboliquement demandé il y a des années la main de Guillaume à son père – qui la lui avait accordée, ce mariage est arrivé dans leurs vies par surprise. Maintenant, il paraît autant une affaire personnelle qu’un engagement militant. «C’est avant tout un geste d’amour, confie Patrick, responsable d’un labo photo. On avait envie de s’engager et de célébrer notre relation lors d’une fête avec nos amis et nos familles.»
 
Et si la fête peut faire évoluer les droits LGBT, c’est encore mieux. Rapidement, le discours des futurs époux se fait ainsi militant. «C’est incompréhensible qu’en France les homos ne puissent toujours pas se marier, déplore Guillaume. La société française est pour et je ne vois pas pourquoi nous n’aurions pas le droit de nous aimer et de nous unir. De plus, la visibilité autour d’un mariage, même s’il n’a aucune valeur légale, pourra peut-être aider les homos qui souffrent ou qui ont du mal à le dire autour d’eux.»
 
Le FN vent debout

 
Pourtant, Patrick et Guillaume veulent garder la tête froide et ne s’érigent pas porte-paroles des homos français. Ils aimeraient s’épargner le tourbillon qu’ont subi leurs prédécesseurs de Bègles et hésitent entre médiatisation pour défendre leur cause et volonté de se préserver. «Il y aura une conférence de presse début octobre, mais on laisse le maire s’occuper de tout ça, raconte Patrick. Le vin d’honneur sera ouvert à tous les militants mais la réception sera réservée à nos proches.» Tous les deux sont conscients que la cérémonie risque de provoquer quelques remous et ils attendent de pied ferme les opposants à la sortie de la mairie.
 
Si leur mariage n’a pas encore rencontré un grand écho médiatique, il insupporte déjà l’extrême-droite sur le web. L’un des premiers à se lancer dans la croisade anti mariage homo a été Louis Aliot, vice-président du Front National, conseiller régional du Languedoc-Roussillon et compagnon de Marine Le Pen. Dans un communiqué, celui-ci dénonce une «violation des lois républicaines» et appelle «les autorités à prendre leurs responsabilités» pour faire respecter la loi.
 
Préparatifs classiques
Une loi que Patrick et Guillaume espèrent bien voir changer l’année prochaine. Si Patrick a voté Nicolas Sarkozy en 2007, il assure qu’on ne l’y reprendra plus et tous les deux rêvent de voir la gauche, qui a promis de légaliser le mariage homo, l’emporter. «Si ça passe, on se remariera, pour de bon cette fois, prévoit Patrick. Le mariage de cette année sera alors comme une répétition.»
 
En attendant, ils doivent gérer les lourds problèmes de tous les futurs mariés et se prononcer sur les tenues, les menus, le plan de table ou l’hôtel pour accueillir tout le monde. Et reconnue ou pas, Guillaume sait déjà que son union va tirer un flot de larmes d’émotion à sa mère.