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 d’ADHEOS

L’association de lutte contre l’homophobie publie l’édition 2012 de son rapport annuel contre l’homophobie. Parmi les constats, le maintien d’internet comme premier «lieu» où s’exprime la haine des LGBT
 
C’est un record dont on ne saurait se réjouir, pour le 16e rapport annuel de SOS homophobie: en 2011, l’association a reçu 1556 témoignages, un chiffre en hausse de 5% par rapport à l’an dernier, qui représente quatre signalements par jour en moyenne. SOS homophobie se garde pourtant d’associer mécaniquement ce chiffre à une hausse objective de l’homophobie en France, car il pourrait s’agir aussi d’une conséquence de la notoriété croissante de l’association. 
 
225 jours d’ITT
La hausse impressionnante des signalements d’agressions physiques, avec 22% en plus par rapport à l’an dernier, est l’un des chiffres les plus inquiétants du rapport. «70% des agressions physiques contre des lesbiennes se sont produites dans des lieux publics. Voilà qui démonte l’idée reçue selon laquelle les lesbiennes en couple, dans la rue, seraient plus tolérées que les couples gays. Bien souvent, l’agression a pour point de départ une proposition indécente…» dénonce Léa Lootgieter, l’une des coordinatrices du rapport, lors de sa présentation, ce matin.
 
Il y a eu ainsi 152 agressions physiques en 2011, soit le même nombre qu’en 2005, année record. Parmi ces victimes, 27 personnes ont fait constater leurs blessures auprès des urgences médico-judiciaires, cumulant 225 jours d’interruption temporaire en 2011, soit en moyenne plus de 8 jours d’ITT par victime. Et la situation est plus violente encore pour les trans: 28% de leurs 66 témoignages concernent des agressions physiques !
 
Internet, bastion de l’homophobie
Comme c’est désormais le cas depuis quelques années, internet reste le principal «foyer» de l’homophobie – 17% des signalements viennent de là. L’association prend ainsi l’exemple de Maxime, 17 ans, qui a subi du chantage par l’un de ses contacts sur Facebook: celui-ci menaçait de publier une photo du jeune homme avec écrit «pédale» en lettres rouges, si Maxime refusait de lui donner 20 euros. Avec l’aide de sa mère, Maxime a porté plainte.
 
Inlassablement, l’association sonne l’urgence d’une mobilisation pour enrayer l’homophobie qui se répand sur internet. «Dès qu’une page traite de questions LGBT, on assiste à un défoulement homophobe dans les commentaires: cela va des insultes classiques à des discours parfois très développés contre l’homosexualité. On se croit en toute impunité parce qu’on est derrière son clavier. Sur ce sujet, un coup de pouce de l’Etat ne serait pas malvenu», note Elizabeth Ronzier, la présidente de SOS homophobie. 
 
Homophobes de proximité
Autre tendance qui émerge du rapport 2012, le fait que, bien souvent, l’homophobie provienne de personnes connues de la victime. Ainsi, le milieu professionnel est un lieu où la haine des LGBT semble avoir subitement monté cette année, alors que la tendance y était jusqu’alors plutôt à la baisse. Effet collatéral de la crise économique? En tout cas, avec la famille et le voisinage, le travail représente désormais 40% des signalements. «Peut-être parce que les victimes sont amenées à rencontrer leurs agresseurs au quotidien», tente Julien Delhorbe, coauteur du rapport.
 
Le rapport 2011 de SOS homophobie, soit 175 pages remplies de données et d’analyses illustrées par Vanui de Castelbajac, est publié à l’occasion de la Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie, jeudi 17 mai. Il peut être téléchargé gratuitement via le site de l’association, et peut s’acheter pour 10€ en librairie.