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 d’ADHEOS

Le président de Aides Martinique dresse le bilan de la première action LGBT publique en Martinique, qui a eu lieu à l’occasion de la journée mondiale contre l’homophobie. Un de ses buts affichés: faire sortir les homos de l’île de l’anonymat.
 
Une première sur le sol martiniquais. Samedi 19 mai dernier, quelques jours après la journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie, les LGBT de l’île antillaise ont défilé contre les discriminations. Quatre associations avaient lancé un appel via Facebook: Aides Martinique, An nou allé, l’Union des femmes de la Martinique et Temps DM. Fred Cronard, le président de Aides Martinique, dresse le bilan de l’opération pour TÊTU.com.
 
TÊTU: Quel était le principe de la marche organisée samedi 19 mai à Fort-de-France?
Fred Cronard: À la base nous avions prévu que les manifestants soient masqués, pour montrer que les LGBT sont présents dans la société mais invisibles. Au final nous avons réuni une cinquantaine de personnes et la plupart d’entres elles étaient à visage découvert, ce qui est positif. La marche a eu lieu dans une rue passante et autour de Fort-de-France, pour se terminer par une conférence et un ciné-débat.
 
Quel bilan tirez-vous de cette action?
Notre but était que tout se passe dans de bonnes conditions et ça a été le cas! C’était notre première action publique, jusqu’à maintenant l’homosexualité était quelque chose de cachée. Or on a besoin de cette visibilité pour faire évoluer les mentalités. Je pense que ce que nous avons montré, c’est que nous sommes un noyau à souhaiter que les choses changent. On considère que c’est un premier succès et fort de cela on veut initier d’autres actions. On a posé quelque chose qui aura des répercussions.
 
Vous parliez de visibilité, comment vit-on son homosexualité en Martinique?
Caché. D’abord parce qu’il n’y a pas de lieu communautaire, il y a quelques plages mais ce sont des lieux sordides. Les seules soirées organisées le sont par des personnes privées. Cela dit, on sent de plus en plus dans la société un clivage générationnel. L’affichage en public est plus facile pour les jeunes homos que pour les 40-50 ans. 
 
La société martiniquaise est-elle pour autant homophobe?
Cette homophobie se manifeste d’abord par la difficulté de voir une homosexualité affichée. Cela se traduit par des partenaires hommes qui sont en couple mais qui se déclarent hétéro dans la vie de tous les jours. D’une façon générale, il y a de l’homophobie qui est liée à la religion. Mais il faut tout de même aller plus loin. Lors de la marche il y a eu beaucoup de réactions positives, c’est pourquoi je pense qu’il faut renouveler ce genre d’actions, pour faire avancer la société vers l’acceptation.
 
Pensez-vous que la promesse de François Hollande de légaliser le mariage pour tous sera bien accueillie en Martinique?
Il faut voir. Les questions politiques ne sont pas centrales pour nous pour l’instant. Il y a quelques années, deux élus du Parti Socialiste, dont la secrétaire fédérale locale, s’étaient prononcés publiquement contre le mariage, invoquant des raisons religieuses. Ils avaient prévenu qu’ils ne mettraient pas en application la loi si elle passait. Mais les choses évoluent, deux de nos élus ont récemment signé la préface d’un rapport d’une association LGBT parisienne. La future loi devrait aussi être en mesure de faire réfléchir et de poser la question…