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 d’ADHEOS

Nicosie – La première Gay Pride chypriote-grecque s’est déroulée samedi sans incident à Nicosie, à l’appel d’associations militantes qui réclament une union civile, en dépit de la forte opposition de l’Eglise.
La marche à laquelle ont participé quelque 4.000 personnes selon les organisateurs — 3.000 selon la police — a duré deux heures et devait être suivie en soirée par une fête dans un jardin public à proximité du Parlement.
 
L’objectif était d’apporter "de la visibilité, du courage et de la force" aux homosexuels du pays, où l’homosexualité a été dépénalisée il y a 16 ans, a expliqué à l’AFP Sotiris Andreou, secrétaire général de l’association Accept-LGBT Cyprus.
 
Dans une ambiance bon enfant mais sous escorte policière, quelques milliers de personnes -essentiellement des jeunes, ainsi que des familles avec enfants- se sont rassemblées sur la place Elephteriya (Liberté en grec) avant de se diriger vers le Parlement, à environ un kilomètre.
 
Des Chypriotes-turcs venus de la partie Nord de l’île divisée, où l’homosexualité n’a été dépénalisée qu’en janvier et où une manifestation avait déjà eu lieu mi-mai, ont aussi défilé.
 
"L’objectif de la marche est de réclamer nos droits et non d’en faire un mardi gras", a insisté l’une des responsables de l’association Accept, Joanna Cosntantinou, 37 ans.
 
Les manifestants ont arboré des drapeaux aux couleurs de l’arc-en-ciel, tandis que des participants étrangers agitaient des drapeaux suédois, finlandais, danois et canadiens ou des casquettes à la bannière étoilée. Les ambassadeurs d’Autriche, de Finlande, du Danemark ainsi que le chargé d’affaires américain étaient présents.
 
"Je suis homosexuel et ça va", proclamait une banderole brandie par des manifestants.
 
– ‘Aux derniers rangs’ de l’UE –
 
Avant la marche, des policiers déployés près du Parlement avaient empêché une cinquantaine de contre-manifestants, dont des prêtres et des moines, de se diriger vers le lieu de démarrage de la Gay Pride.
 
A l’appel du Mouvement chrétien orthodoxe chypriote, un groupe marginal, ces manifestants dénonçaient en particulier l’union civile promise par tous les candidats à l’élection présidentielle l’année dernière, dont l’actuel président Nicos Anastasiades.
 
Un projet de loi sur l’union civile est en cours d’élaboration mais ses échéances sans cesse reportées. Un autre projet de loi doit être présenté au Parlement pour pénaliser les propos homophobes.
 
"Nous n’avons pas de problème avec les homosexuels en tant que personnes, mais ils réclament trop de choses et ne devraient pas s’afficher publiquement", a affirmé Yanos Petrou, un contre-manifestant.
 
La puissante Eglise orthodoxe de Chypre a fermement réagi à l’annonce de la Gay Pride, expliquant "regretter l’attitude et le mode de vie de certains de nos concitoyens" et répétant que les relations homosexuelles ne constituaient "pas un choix de vie normal".
 
Plusieurs personnalités étrangères comme les acteurs Whoopy Goldberg et Stephen Fry ont apporté leur soutien à la Gay Pride chypriote.
 
Selon le président d’Accept, Costas Gavrielides, Chypre se situe "aux derniers rangs de l’Union européenne avec la Lettonie" sur la législation et les droits sociaux et politiques de la communauté LGBT.
 
Mais "nous ne attendions pas" à cette foule nombreuse samedi. "Cela montre que la société a progressé plus que les hommes politiques ne l’auraient pensé", a-t-il estimé.