Charia : appel au boycott contre les palaces appartenant à Brunei
Les appels au boycott se multiplient contre des hôtels de luxe appartenant au sultanat de Brunei, parmi lesquels le Meurice, le célèbre palace parisien qui fait face au jardin des Tuileries ou le Dorchester à Londres. En cause : l’introduction progressive depuis début mai par le puissant sultan Hassanal Bolkiah, l’une des plus grandes fortunes mondiales, de la loi islamique dans ce petit Etat situé sur l’île de Bornéo.
Vendredi, les partisans du boycott ont reçu l’appui du commissaire européen au Commerce, Karel De Gucht. Le commissaire belge «soutient la campagne de sensibilisation contre la loi inacceptable sur la charia, via le boycottage des hôtels Dorchester par de nombreuses personnalités internationales», a annoncé son porte-parole John Clancy, sur son compte Twitter.
Avant lui, étaient intervenus notamment, le patron de Virgin le milliardaire britannique Richard Branson, le PDG du groupe de luxe Kering (Gucci, Saint Laurent…) ou François-Henri Pinault, auteur de deux tweet.
«Vogue» Etats-Unis déserte le Meurice
La célèbre rédactrice en chef de «Vogue» aux Etats-Unis, Anna Wintour, avait déclaré le 23 mai au «New York Times» qu’elle ne pouvait «en conscience» continuer de descendre au Meurice à Paris bien qu’elle l’affectionne, «de même que les rédacteurs en chef de Vogue», et ce, malgré le «fort impact que la situation peut avoir sur l’équipe» du palace de la rue de Rivoli. Et d’évoquer le risque que les «hôtels de la Dorchester Collection soient désertés au profit de la concurrence» pendant les prochaines fashion weeks à Londres, Milan et Paris.
La papesse de la mode apparaît ainsi dans une campagne de l’ONG Human Rights Campaig.
Le directeur de Dorchester Collection inquiet pour les 3.500 salariés
Le groupe compte en effet dix hôtels de luxe où se bouscule une clientèle riche et souvent en vue : les palaces parisiens Plaza Athénée et Meurice, le Dorchester et 45 Park Lane à Londres, le Principe di Savoia à Milan, mais aussi le Coworth Park à Ascot, le Richemond à Genève, l’Eden à Rome, ainsi que le Bel-Air et le Beverly Hills Hotel à Los Angeles.
Le groupe Dorchester appartient à l’Agence d’investissement de Brunei, un fonds souverain contrôlé par le sultanat du Brunei. Le directeur général de Dorchester Collection, François Delahaye, s’est dit vendredi «stupéfait de voir l’ampleur que cette affaire prend», en s’inquiétant de son impact pour les 3.500 salariés, alors que l’appel au boycott commence à produire des effets : des hôtels et restaurants du groupe Dorchester ont enregistré des annulations. Pour autant, il a jugé les réactions politiques «relativement absentes».
Beverly Hills enjoint le sultanat de vendre son hôtel
Les Nations unies ont néanmoins exprimé leur «profonde inquiétude» et l’ONG Human Rights Watch a dénoncé des «châtiments moyenâgeux». La nouvelle législation de Brunei prévoit l’amputation de membres pour les voleurs, la flagellation pour la consommation d’alcool ou l’avortement, ainsi que la lapidation pour divers crimes.
Le conseil municipal de Beverly Hills a quant à lui adopté une résolution enjoignant le sultanat asiatique de vendre l’hôtel Beverly Hills et d’autres propriétés qu’il possède dans la ville.
- Source Le Parisien