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 d’ADHEOS

Co-fondateur du Centre gai et lesbien de Paris et militant de la première heure d’Act Up, Philippe Labbey est mort d’un cancer à l’âge de 48 ans.
 
Les hommes politiques le redoutaient tant il était pugnace et incisif. «Philippe était un militant de la première heure des années Act Up, dès 1989. Il était énergique, très efficace et avait occupé des postes clés», témoigne Hugues Fischer d’Act Up. «Je m’en souviens aussi comme du compagnon de Cleews Vellay et du combat que nous avions tous mené pour du Centre gai et lesbien de Paris (maintenant appelé Centre LGBT Paris Ile-de-France, ndlr). Philippe Labbey en fût l’un des artisans».

 
 
Ce petit brun, volontiers teigneux pour rembarrer un ministre de la santé, a accompagné et soutenu l’emblématique président d’Act Up-Paris, Cleews Vellay, qui occupât ce poste entre septembre 1992, jusqu’à sa mort en 1994. «Philippe m’avait accueilli à la première réunion, quand j’ai rejoint Act-Up», se souvient Emmanuelle Cosse. «Son engagement était généreux, ouvert. Doué d’un sens politique prodigieux, il ne se mettait jamais en avant mais avançait guidé par la lutte contre toutes les injustices», raconte Emmanuelle, première fille séronégative présidente de l’association, entre 1999 et 2001.
 
L’hécatombe
Pour décrire le début des années 90, quand Philippe Labbey s’est engagé, on parle souvent d’hécatombe. Les traitements contre le sida sont inefficaces, les gays meurent par milliers. Chaque réunion hebdomadaire d’Act Up débute par une communication du nom des morts de la semaine. Les politiques de prévention sont quasi-nulles, le volontarisme politique est au degré zéro.
 
Doublement stigmatisés, en tant qu’homosexuels et comme porteurs d’un virus encore mal connu, les gays s’en prennent plein la gueule. Les refus de soins sont nombreux. Les exclusions de logement après le décès du compagnon montrent l’urgence d’une union légale génératrice de droits.
 
Une vie de combats
L’association Act Up se sert de cette colère comme carburant et Philippe en est l’une des figures infatigables. Aux côtés de Cleews, son compagnon, il a participé à des actions entrées dans l’histoire de l’activisme, comme la capote géante sur l’Obélisque de la place de la Concorde, le 1er décembre 1993 (photo du haut). Tous deux ont aussi associé au combat contre le sida les usagers de drogues, les femmes, les prisonniers, les hémophiles. Car malgré l’ADN gay de l’association, la lutte devait être collective. «Il avait des convictions très fortes, notamment sur les prisons, le droit des étrangers» se souvient Emmanuelle Cosse. «En 1994, en pleine épidémie, il n’était pas facile de convaincre de l’utilité d’un centre gay et lesbien. Ce qui va de soi aujourd’hui n’était pas du tout prioritaire».
 
Enfin, s’il n’était plus actif au sein d’Act Up, beaucoup se souviennent d’un jour où sa rage a explosé. Plusieurs semaines après le décès de Cleews Vellay, Philippe recevait un papier qui confirmait que l’Allocation Adulte Handicapé (AAH) était accordée à son compagnon, plus d’un an après la demande. Une marque de mépris de plus. Et l’occasion de redire, comme il l’aurait voulu, que la lutte n’est pas gagnée