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 d’ADHEOS

L’Adefho et Human Rights Watch s’alarment d’une révision du code pénal qui pourrait faire passer de 5 à 15 ans de prison le maximum de la peine pour homosexualité
 
 L’homosexualité sera-t-elle bientôt passible de 15 ans de prison? Selon l’Association camerounaise de défense de l’homosexualité (Adefho) et l’ONG américaine Human Rights Watch, le Cameroun étudie une révision du code pénal qui prévoit un durcissement de la pénalisation des relations gays et lesbiennes, actuellement passibles d’un maximum de cinq ans de prison et d’une amende de 200.000 FCFA (environ 300 euros). Cette nouvelle intervient alors qu’au cours du mois dernier, sept personnes ont été interpellées pour homosexualité dans la capitale du Cameroun (lire article).

 
 
«Les autorités camerounaises, notamment le ministre de la Justice Maurice Kamto qui en est le principal pilote, sont en train de préparer une réforme du code pénal dans laquelle l’homosexualité est punie d’une peine de prison allant jusqu’à 15 ans et une amende de 2 millions de FCFA d’amende», explique à TÊTU Stéphane Koche, vice-président de l’Adefho.
 
«Le ministre de la Justice est très homophobe»
«S’il est déjà revenu de sa phase de relecture et de mise en forme, il n’est pas exclu qu’il puisse être présenté au vote du parlement à n’importe quel moment. D’autant que le ministre de la Justice est, comme il nous l’a avoué, très homophobe», ajoute le militant, dont l’association participe avec deux autres associations au Programme d’assistance et d’encadrement des minorités homosexuelles (PAEMH) financé par l’Union européenne.
 
L’Adefho estime que pour empêcher le vote du texte il faut mener des actions «urgentes» et «discrètes». Elle envisage d’identifier à Yaoundé, la capitale politique du Cameroun, les officiels en désaccord avec le projet de réforme et de dialoguer avec le ministre de la Justice. Des actions qu’elle espère mener avec des activistes camerounais et des organisations internationales. Dont Human Rights Watch, très inquiète.
 
Risque de marginalisation
Nath Dipika est chercheuse pour cette ONG au programme chargé des droits des LGBT en Afrique et en Asie. Elle confie à TÊTU qu’un durcissement de la pénalisation de l’homosexualité, aujourd’hui prévue dans l’article 347bis du code pénal, risque de «marginaliser plus encore une communauté vulnérable» aux violations des droits humains. Elle ajoute que «rendre la loi plus sévère va (…) augmenter le pouvoir de la police et des autres autorités de violer les droits des personnes en toute impunité» et avoir «un impact particulièrement négatif pour la lutte contre le sida».
 
Les homosexuels sont parfois stigmatisés à l’approche des élections dans plusieurs pays d’Afrique. La présidentielle camerounaise est prévue le 9 octobre prochain. Le président sortant Paul Biya, au pouvoir depuis 28 ans, est candidat à sa succession