La troisième édition du baromètre LGBT+ L’Autre Cercle-IFOP met en lumière une stagnation de l’inclusion des personnes LGBT au travail, et une augmentation des agressions à leur encontre.
La tendance n’est pas à la baisse pour les discriminations liées au genre et à l’orientation sexuelle au travail.
Alors que vient de s’ouvrir le Mois des fiertés, consacré à la visibilité des personnes LGBT + (personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, intersexes et toutes les personnes ne se reconnaissant pas comme hétérosexuelles et/ou cisgenres), la troisième édition du baromètre LGBT+, organisée par l’institut de sondage IFOP et l’association L’Autre Cercle, révèle qu’un salarié LGBT sur trois a été victime d’au moins une agression « LGBT-phobe » au sein de son organisation. Cela représente une hausse de 4 % par rapport au dernier baromètre, publié début 2020.
Cette étude comprend deux échantillons : le premier, représentatif de la population française, interrogé entre avril et mai 2021, est composé de 1 068 salariés LGBT (homosexuels, bisexuels et transgenres – les termes inclus dans le « + » étant encore trop difficiles à identifier au niveau statistique), et le second, interrogé début 2022, comprend près de 30 000 salariés et agents de 53 organisations ayant signé la charte d’engagement LGBT+ (sur 180), lancée il y a neuf ans par L’Autre Cercle.
« La principale conclusion, c’est que l’on a en France une proportion non négligeable de salariés LGBT qui rapportent tout un ensemble de discriminations, de l’agression physique à une “LGBT-phobie” qui peut être d’ambiance, mais aussi une discrimination plus structurelle par rapport à l’environnement professionnel et l’impact sur leur carrière », résume François Kraus, directeur du pôle genre, sexualités et santé sexuelle de l’IFOP.
Autocensure écrasante
Ainsi, 25 % des salariés de l’échantillon national disent avoir subi des discriminations verbales de la part d’autres salariés, mais aussi de clients ou fournisseurs, et 16 % disent avoir été mis à l’écart du fait de leur identité de genre ou de leur orientation sexuelle. Ils sont un quart à dénoncer des discriminations de la part de leur direction (26 %, soit + 6 points par rapport à 2020).
Si cette augmentation peut témoigner d’une augmentation du climat de violence global à l’égard des personnes LGBT, elle peut être atténuée par le fait que les victimes ne se seraient pas forcément déclarées comme telles lors des derniers baromètres : « Il y a une prise de conscience récente du caractère intolérable de certains comportements », explique François Kraus. « Les personnes LGBT sont beaucoup moins dans la résignation et considèrent moins que c’est la norme d’être LGBT-phobe, confirme Alain Gavand, administrateur et coresponsable de l’Observatoire de L’Autre Cercle. Il y a vingt ans, on aurait peut-être intégré “c’est pas un truc de pédé” en fermant les yeux. » (…)