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 d’ADHEOS

 Le jeune réalisateur québécois Xavier Dolan signe un second film à la fois drôle, troublant et tragique qui envisage le désir amoureux sous l’angle de la fascination, de la frustration et de l’aveuglement.

 
 A Hollywood, on appelle cela le syndrome du «one hit wonder». Il atteint de jeunes réalisateurs qui explosent dès leur premier film. Après avoir été canonisés vivants, ils disparaissent dans l’anonymat, faute d’avoir su gérer le stress du deuxième film. Qui se souvient aujourd’hui de Jonathan Caouette et de son emballant Tarnation?

 
 
Un jeune homme diaboliquement attirant
L’an dernier, le québécois Xavier Dolan avait frappé les esprits avec J’ai tué ma mère qu’il avait écrit, autoproduit, mis en scène tout en tenant le premier rôle. Découvert en 2009 à la Quinzaine des réalisateurs, Xavier Dolan y avait raflé trois prix. Et une trentaine dans le monde. Un an après, il revient avec Les Amours imaginaires, qui revisite les rapports amoureux sur le mode du marivaudage ironique. Beaucoup l’attendaient au tournant. La maîtrise et l’esprit du film balayent toutes les craintes. Voici Francis (Xavier Dolan) et Marie (Monia Chokri), deux amis qui s’entichent du même jeune homme diaboliquement attirant (Nils Schneider) lors d’un dîner. Chacun d’entre eux, en quête du grand amour et d’un corps auprès duquel «se réchauffer l’hiver», croit percevoir des signaux engageants de la part du jeune Adonis blond.
 
 S’engage alors une lutte sourde, et sans merci, pour le conquérir, quitte à mettre en péril leur équilibre émotionnel et leur amitié. Le film de Dolan est truffé de références cinématographiques, allant de Godard à Woody Allen, en passant par à Stephen Frears, en jouant sur la carte du tendre et la confusion des genres. Ni film homo, ni film hétéro, Les Amours imaginaires dépassent la classification, et jouent avec des dialogues très écrits. Souvent drôle (un détail qui caractérisait, on l’oublie souvent, J’ai tué ma mère), ce marivaudage aux fulgurances vintage (Dalida dans la BO, Monia Chokri en beauté 50’s) parle fort bien de l’aveuglement amoureux, et de tous les troubles qu’il entraîne. Xavier Dolan a clairement un ton et un univers. Son talent n’a décidément rien d’imaginaire…