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 d’ADHEOS

Entre pétition pour aller plus loin, menaces, ou réquisitoires des catholiques, l’annonce de Christiane Taubira hier a suscité des mouvements dans tous les sens. La séquence politique est lancée…
Au lendemain de la présentation du projet de loi sur le mariage et l’adoption par les couples homosexuels dans un quotidien catholique par Christiane Taubira (
), militants et opposition prennent leur marque. «Pour», «contre», «insuffisant»? Les réactions ont afflué autour de ce qui n’est qu’un «pré-projet», au stade d’ébauche, comme l’a assuré dans la foulée Dominique Bertinotti, ministre de la Famille.
 
Une pétition pour la PMA
Dès ce matin, AllOut.org en partenariat avec l’Inter-LGBT a lancé une pétition en ligne pour demander à la ministre de la Justice d’ouvrir la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de lesbiennes. L’interassociative doit en effet rencontrer demain, jeudi, Mme Taubira et pourra lui remettre ainsi la liste des signataires.
 
De leur côté, les Jeunes socialistes (MJS) tout en se félicitant du projet se disent «attentifs à ce que les engagements de François Hollande soient pleinement respectés et seront attentifs à ce que le projet de loi ouvre à tous les couples l’autorité parentale et la procréation médicalement assistée.»
 
Amendements en vue
Au sein même de la majorité, les critiques se font entendre. Esther Benbassa (EELV), qui avait déposé la semaine dernière une proposition de loi bien plus complète sur le mariage et l’adoption par les homos (lire notre article), annonce qu’elle soumettra un amendement au texte afin d’ouvrir la PMA aux couples de lesbiennes et reconnaître la filiation de la conjointe dans ce cadre. Elle veut aussi des actes de naissances pour les enfants nés par GPA à l’étranger, et clarifier le statut d’étrangers mariés en France, mais dont les pays ne reconnaissent pas le mariage des homos. «Mme Taubira est une femme de bonne volonté, je pense qu’elle acceptera nos amendements, même s’il y a du conservatisme au sein du groupe socialiste», tacle la sénatrice écologiste.
 
Mais si conservatisme à gauche il y a, ce n’est rien comparé à celui des représentants de la droite. Attendue sur le sujet et toujours invitée à donner son opinion, Christine Boutin, présidente du Parti Chrétien-démocrate, a de nouveau réclamé un référendum sur le mariage homosexuel, dans «l’intérêt du gouvernement, qui est pour une démocratie participative», assure-t-elle et celui des Français «qui pourraient s’exprimer» et celui «de la paix sociale et civile».
 
La droite aux aguets
Jean-François Copé pour sa part se dit «à titre personnel» hostile au projet. «C’est un débat difficile où les points de vue sont parfois extrêmement tranchés», dit l’actuel secrétaire général de l’UMP dans un entretien paru ce matin dans L’Union (Champagne-Ardennes). Il ne se dit «pas hostile» en revanche à un référendum, mais «pas dupe de la stratégie du gouvernement qui utilise manifestement la question du mariage homosexuel pour faire diversion alors que François Hollande a annoncé dimanche soir 20 milliards d’impôts nouveaux et que la majorité semble paralysée face à la crise».
 
L’argument de la «diversion», de «l’écran de fumée» est même repris par Chantal Jouanno, sénatrice UMP de Paris parmi les plus gay-friendly, pour sa part favorable au mariage et à l’adoption pour tous. «Pour autant, l’UMP ne doit pas s’arc-bouter sur une position archaïque», prévient-elle: «Ne passons pas pour des ringards. Ne laissons pas la modernité aux socialistes. Ne laissons pas la société évoluer sans nous.»
 
«Dénaturer la valeur» mariage
Mais Chantal Jouanno est bien isolée dans son parti sur la question. Pour une Nathalie Kosciusko-Morizet «favorable à tout ce qui permet de donner sa légitimité à l’amour homosexuel» (elle ne parle que d’une amélioration du pacs et non du mariage, comme elle l’avait fait en juillet) mais «réservée» sur l’adoption, l’UMP est vent debout contre le projet.
 
Florilège de réactions à droite: «Moi, je ne voterai jamais le mariage gay. On a des sujets autrement plus importants pour la France» (Claude Goasguen, UMP Paris). «Cela va bien plus loin que le mariage homosexuel. A titre personnel, j’ai besoin de prendre beaucoup d’avis et d’essayer d’avoir plus de recul par rapport à tout ça. C’est un problème d’éthique» (David Douillet, UMP Yvelines). «Une dérive qui va dénaturer la valeur sociétale du mariage» (Patrick Ollier, UMP Hauts-de-Seine). «J’ai toujours dit que j’étais hostile à l’adoption. Comme le projet de loi du gouvernement part sur l’adoption, je voterai contre» (Nicolas Dupont-Aignan, Debout la République). «La question qui m’intéresse, ce n’est pas les mêmes droits aux parents, c’est comment on donne le meilleur cadre aux enfants. Et je trouve que cette question n’est absolument pas abordée» (Laurent Wauquiez, UMP Haute-Loire).
 
Les catholiques en embuscade
Le collectif parlementaire UMP de la Droite populaire est bien sûr plus tranché encore: «C’est une question politique et une question de conscience. On n’est pas dans la politique du logement. Certains d’entre nous, en fonction des convictions religieuses ou philosophiques, peuvent avoir des convictions totalement différentes» (Thierry Mariani, UMP) et même: «Il n’y a que les gens qui ont de la semoule dans la tête qui envisagent de marier 2 personnes de même sexe» (Jacques Myard sur France Info). A l’extrême-droite, le maire d’Orange Jacques Bompard a réclamé sur I>Télé une «clause de conscience» pour permettre aux maires hostiles au mariage homosexuel de ne pas en célébrer. Le Front national évoque quant à lui une «revendication ultra-minoritaire» et même, en ce qui concerne l’adoption, «une mesure grave pour l’intérêt de l’enfant».
 
Enfin, représentant l’Eglise catholique, le cardinal André Vingt-Trois l’espère: «Les contacts que nous avons notamment avec Mme Taubira peuvent être de nature à infléchir le contenu de ce projet de loi». celui qui est aussi président de la Conférence des évêques de France annonce qu’il va rencontrer la ministre de la Justice «la semaine prochaine», probablement dans le cadre des concertations ouvertes par Christiane Taubira. Bref, chacun aiguise ses armes… et fait monter la pression.