Ce dimanche au stade Désiré Dekens de Vireux, le footballeur ouvertement homo Yoann Lemaire a raccroché les crampons. Un jubilé parrainé par Rama Yade qui s’est déroulé en présence du Variétés Club de France, histoire de le soutenir haut et fort
«Pour moi, il s’agissait de tourner définitivement la page sur une note positive.» Quand il évoque ce dernier match symbolique disputé ce dimanche sur la pelouse de l’U.S. Vireux, le club qui lui a ouvert les bras après ses déboires avec le FC Chooz, Yoann Lemaire sourit. Malgré la souffrance, malgré les moments d’abattement, malgré les manifestations de haine rencontrées depuis la parution de son livre Je suis le seul joueur de foot homo, enfin j’étais… Car il a pu également mesurer combien son honnêteté et son courage avaient permis de faire bouger certaines barrières dans le milieu pas franchement gay friendly du football. «Avec la médiatisation, les gens en parlent, explique Yoann Lemaire, et pour moi, sur le terrain, ce n’était pas forcément facile, c’était toujours tendu, les gens me regardaient… Alors, j’arrête la compétition dans les Ardennes. Mais ici, malgré tout, j’ai senti qu’il y avait eu un bond en avant. Il y a toujours des gens hostiles, bien sûr, car l’imbécillité, il y en aura toujours. Mais par rapport à l’ignorance qui entraîne l’homophobie, il y a une nette amélioration.»
Yannick Noah et Christian Karembeu en soutien
Qu’une personnalité politique telle que Rama Yade ait pris position pour Yoann Lemaire et qu’elle ait accepté d’être la marraine de son jubilé continuera à aider dans ce sens, sans conteste. Que Christian Karembeu ait tenu à prendre la route pour lui faire la surprise de venir assister à son dernier match, que Yannick Noah, la personnalité préférée des Français, l’ait longuement appelé quelques heures avant l’événement, également. Que d’anciennes vedettes du Championnat de France, notamment du Sedan de la grande époque, et que le Variétés Club de France (VCF), qui a accueilli en son sein Yoann il y a un an, le soutiennent sur le plan sportif et humain, ne donne là encore que plus d’impact et de force à son histoire.
«Si nous avons répondu présent pour ce jubilé, explique ainsi Jacques Vendroux, manager général du VCF et directeur des sports du groupe Radio France, c’est pour une raison essentielle. Le VCF joue tous les dimanche depuis 40 ans pour différentes causes et parmi ces causes, il y a la lutte contre l’homophobie. L’homophobie, je trouve que c’est pathétique, je trouve que c’est triste… Je ne supporte pas que l’on fasse des différences, voilà!»
«Si les footballeurs n’évoluent pas, ils passeront pour des cons!»
Lorsque le nouveau sociétaire du Variétés Club a parlé de son match d’adieu à ses coéquipiers, la réponse a tout de suite fusé. «Nous faisons un certain nombre de jubilés que l’on peut qualifier de médiatiques, explique Jacques Vendroux, celui-ci est pour nous un jubilé affectif. Depuis un an qu’il joue avec nous, Yoann fait l’unanimité. Nous avions envie de lui faire plaisir, envie de rencontrer sa mère, envie de rencontrer ses amis. Avant de le connaître, je voyais l’homophobie dans le sport de loin, peut-être même que ces vieilles blagues homophobes qui sont les mêmes depuis cinquante ans voire plus, il m’arrivait de les faire. Eh bien maintenant, je ne participe plus à ça.» Le monde du football professionnel est-il pour autant prêt à évoluer dans son ensemble? «Dans le football, ils changent tous, affirme Jacques Vendroux. De toute façon, ils n’ont pas le choix: s’ils n’évoluent pas, ils passeront pour des cons!» À bon(s) entendeur(s)… Quant à Yoann, il continuera à tâter du ballon de temps en temps, si sa hanche le lui permet, au sein du VCF. Yannick Noah l’a d’ailleurs déjà prévenu qu’il l’attendait de pied ferme sur un terrain de foot.