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 d’ADHEOS

 INTERVIEW. Pour protester contre la visite du pape, une grande manifestation aura lieu cet après-midi à Berlin derrière le mot d’ordre «Pas de pouvoir aux dogmes». Robert Kastl, qui organise par ailleurs la gay pride berlinoise, coordonne l’événement
 
 Robert Kastl (40 ans), organisateur de la Gay Pride berlinoise, endosse aujourd’hui les habits de «coordinateur en chef» de la manifestation contre la visite de Benoît XVI dans la capitale allemande. 20 000 personnes sont attendues cet après-midi pour dire «non à la politique sexuelle misanthrope du pape».

 
 
TÊTU: Comment s’annonce cette manif anti-pape: une seconde «Christopher Street Day» (le nom de la gay pride) pour Berlin?
C’est vrai que l’initiative revient à l’association des gays et lesbiennes d’Allemagne (LSVD)! Dans le collectif des 65 organisations qui ont signé l’appel, il y a des groupes de défense du droit des femmes, des séropositifs, des fédérations d’humanistes, des associations d’athés et, effectivement, pas mal d’organisations gays, lesbiennes et queers.
 
Le cortège s’annonce haut en couleurs: une papamobile avec deux papes et deux papesses à bord klaxonnera à tout va, une nonne géante armée d’un gourdin symbolisera les abus de l’église, un dinosaure en papier représentera le poids des institutions religieuses et plusieurs personnes veulent distribuer des préservatifs.
 
Une critique directe des propos du Pape sur les comportements sexuels…
Exactement! La position du Pape sur l’usage des préservatifs est plus que problématique! Dans la théorie, l’abstinence est évidemment la meilleure des protections contre le sida et autres M.S.T. Sauf que cette approche est purement irréaliste! Les êtres humains n’ont jamais eu de relations sexuelles dans le seul et unique but de se reproduire. Le Pape devrait vraiment renoncer à ce postulat et surtout à l’imposer aux autres. Et je ne parle même pas de ses propos sur l’homosexualité!
 
Tu ne sembles pas être très catholique…
Je suis né à Vienne en 1971 et comme la plupart des Autrichiens de ma génération, j’ai été baptisé. J’ai fait ma première communion à six ans, mais j’ai fait mon coming out dès l’âge de 14 ans. C’est le fait d’être gay qui a occasionné mes première querelles avec l’église catholique. J’ai refusé de faire ma confirmation et à l’âge de 19 ans, j’ai demandé à être rayé des registres de l’église.
 
Et aujourd’hui, tu scandes «pas de pouvoir aux dogmes».
C’est le slogan de ralliement choisi par le collectif des 65 organisations de la manifestation anti-pape. Après, chacun est libre de s’opposer à sa manière à la venue du Pape.
 
L’Église catholique est-elle si puissante en Allemagne?
Juges-en un peu par l’ingérence du Pape dans les affaires de l’État allemand! En quel honneur a-t-il le droit de parler devant le Parlement allemand? Et même en fermant les yeux sur la visite du Pape, l’Église se permet des écarts de conduite vis-à-vis de la loi en vigueur. Pourquoi un médecin dans un hôpital catholique ne peut pas être divorcé? Pourquoi une femme de ménage dans un jardin d’enfants ne peut être lesbienne? Ces établissements devraient se soumettre à la loi d’égalité des chances à l’emploi. Et pourtant, ces exemples sont bien réels.
 
La religion est-elle le premier facteur d’homophobie en Allemagne?
L’homophobie trouve bien sûr certaines sources dans les religions car toutes l’ont prêchée pendant des siècles. Mais si on prend les pays européens de l’Est, on voit que les religions ne sont pas seules responsables de l’homophobie. Les religions ont en effet été interdites sous le communisme et pourtant l’homophobie y est aujourd’hui bien plus forte que chez nous. La meilleure recette contre l’homophobie, c’est une société qui apprend à vivre démocratiquement dans la diversité. Plus les gays, les lesbiennes seront visibles dans la société, plus ils seront acceptés. Regarde ce qui se passe avec le Maire de Berlin!