SOCIÉTÉ. Comment les Rochelais voient-ils la communauté homo ? Réponse avec Pink TV
Thierry et Charles-Eric vivent en couple depuis treize ans. Et à La Rochelle depuis bientôt six ans.
Ils sont cogérants du restaurant Le Pérot-Quais, ouvert en mai 2004 sur le Vieux-Port, dans les locaux d’une ancienne pizzeria. Tous les deux ont bossé dur pour créer cet établissement où l’accueil compétent et chaleureux, associé à une formule originale, a séduit les clients. Aujourd’hui, le Pérot-Quais tourne à plein régime et Thierry et Charles-Eric savourent légitimement leur réussite. Ainsi que le bonheur de vivre à La Rochelle. Pas tant pour le cadre de vie que parce qu’une telle aventure n’est pas possible n’importe où.
Ces deux Rochelais ont accepté de témoigner devant les caméras de Pink TV , à l’occasion d’une nouvelle émission, « Plus rose ma ville », diffusée ce soir et consacrée à La Rochelle. Pourquoi les réalisateurs ont-ils choisi ce petit port de l’Atlantique pour inaugurer une série sur la vie homo qui les conduira, à raison d’une par mois, dans dix villes de France ? Parce qu’en matière de tolérance, et d’accueil fait aux homosexuels, La Rochelle est assez exemplaire. Tout-à-fait « gay-friendly », comme on dit. Thierry Benamari, co-réalisateur de « Plus rose ma ville » avec Antoine Capliez, s’en était aperçu. Il est intermittent du spectacle et a découvert les charmes discrets de La Rochelle à l’occasion de séjours dans sa maison de vacances de Fontenay-le-Comte.
« Une ville de 17 000 habitants. Quand on est gay, comme moi, il y a très peu d’endroits où on peut se tenir par la main, embrasser son copain. Quand je veux sortir, boire un verre, aller en boîte, je vais à La Rochelle, explique-t-il. Je connaissais donc déjà la ville, les lieux fréquentés par les gays, etc. ». Et voilà comment La Rochelle, avant Montpellier en février et Reims en mars, ouvre la série « rose ».
« Ce n’est pas un document sur la communauté homosexuelle, précise Thierry Benamari, mais une émission sur la façon dont cette communauté est accueillie dans les dix villes choisies. Notre propos est de montrer qu’aujourd’hui, on n’est pas obligé d’habiter Paris et le quartier du Marais pour assumer son homosexualité. » Antoine Capliez et Thierry Benamari sont donc partis à la rencontre des Rochelais, homos et hétéros. L’émission alterne témoignages, ambiance dans les bars et discothèques, interviewes (un agriculteur gay, les membres de l’association Adheos) et micro-trottoirs.
Rochelaises à l’écoute
« Pardon, Madame, vous ne connaîtriez pas un bar gay ? » La question s’adresse à une dame âgée, qui fait ses courses dans la vieille ville. « Non, Monsieur, mais je vais me renseigner », répond gentiment cette Rochelaise qui ne sait pas que son interlocuteur tourne pour Pink TV. Une autre, toujours interrogée au hasard, engage immédiatement la conversation : elle est écoutante à SOS Amitié et explique qu’elle a beaucoup d’appels en provenance de la communauté homosexuelle. « J’avais beau connaître La Rochelle, j’ai quand même été surpris par les réactions, avoue Thierry Benamari, c’est vraiment une ville sympathique ».
L’émission évoque aussi des questions graves, comme l’homoparentalité. La petite Jade, 18 mois, apparaît dans les bras de son papa, Charles-Eric. En réalité, Jade a deux familles, deux maisons, quatre parents : deux co-papas et deux co-mamans. Son père biologique est Charles-Eric, sa mère biologique une amie homosexuelle qui, elle aussi, vit en couple. « Cela se passe très bien, dit Charles-Eric, en tout cas pas plus mal que si nous étions un couple hétéro divorcé, avec une famille recomposée de chaque côté. »
En tout cas, le jour où les voisins et les clients du restaurant Le Pérot-Quais ont appris la naissance de Jade, Thierry et Charles-Eric ont reçu une foule de cadeaux pour le bébé. Et leur clientèle n’est pas précisément homo (à peine 10 %). Une autre preuve qu’à La Rochelle, il est possible de voir la vie en rose.
Source: Sudouest.com