NEWS
Les actualités
 d’ADHEOS

Publiée dans la revue Plos One le 29 juin, les résultats de l’étude Prevagay apportent une nouvelle estimation de l’incidence du VIH (nombre de nouvelles infections chaque année) parmi des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et qui fréquentent des établissements de convivialité gay à Paris.
 
UNE INCIDENCE DE 3,8% DANS PREVAGAY
Parmi les participants à Prevagay, cette incidence est estimée à 3,8 pour 100 personnes par an. Cela signifie que chaque année, 4 gays deviennent séropositifs selon cette enquête. C’est beaucoup plus que l’estimation sur l’ensemble des HSH en France, qui est de 1%. Mais c’est moins que la première estimation réalisée en 2010 dans Prevagay. À l’époque, par l’utilisation du test d’infection récente sur ces prélèvements, le taux d’incidence du VIH avait été estimé dans cette population à 7,5 cas pour 100 personnes par an. L’Institut de veille sanitaire (InVS) explique que «la méthode de calcul utilisée s’est affinée et tient compte de l’effet des traitements antirétroviraux sur les résultats du test.»
 
LE MINISTÈRE EMBARRASSÉ
Selon nos informations, le cabinet de la ministre de la Santé, qui s’est prononcé en faveur de l’ouverture du don du sang aux homosexuels, n’était pas très chaud de voir sortir ces chiffres à la veille de la Marche des fiertés. Cette étude apporte de l’eau au moulin de ceux qui justifient l’exclusion permanente des gays du don du sang en raison d’une forte présence du VIH parmi eux.
 
DES CHIFFRES QUI PASSENT MAL
Dans le cadre de Prevagay, menée par l’InVS, l’ANRS et le Syndicat national des entreprises gaies (Sneg) dans 14 établissements parisiens en 2009 (bars, clubs, saunas, backrooms), 886 hommes ont été interrogés et ont accepté un prélèvement de sang. Parmi eux, 157 (soit 18%) étaient séropositifs pour le VIH. Un chiffre très élevé, et qui a même provoqué une controverse sur Yagg, certains critiquant le caractère supposé stigmatisant de ce genre d’informations (lire Sida chez les gays: des personnalités appellent à la mobilisation dans la vidéo 1 sur 5). Parmi les 157 gays dépistés séropositifs, 31 (20%) ignoraient leur infection.
 
UNE TRANSMISSION PARTICULIÈREMENT IMPORTANTE
L’InVS souligne que «cette nouvelle estimation d’incidence du VIH concerne une population spécifique et ne peut pas être généralisée au-delà». Mais, selon les auteur-e-s, Stéphane Le Vu et Annie Velter, cette incidence est préoccupante et montre que la transmission est particulièrement importante parmi les personnes fréquentant les lieux de convivialité étudiés en 2009.
 
MÉCONNAISSANCE DU STATUT SÉROLOGIQUE
Prevagay montre qu’une part importante des hommes dépistés ne connaissait pas leur statut sérologique. Les auteur-e-s expliquent que le dépistage ne suffit pas car il ne permet pas de connaître en temps réel son statut. «Les gays qui adapteraient leurs comportements sexuels, en abandonnant le préservatif en fonction du statut supposé de leur-s partenaire-s, s’exposeraient à un risque de contamination important.»
 
UNE REMOBILISATION S’IMPOSE
Face à cette épidémie qui reste très active chez les gays, toutes générations confondues, une remobilisation s’impose, autour de messages clairs de prévention et de visibilité plus grande des séropositifs. C’est d’ailleurs la demande formulée par les participants au débat sur la prévention organisée récemment par Hervé Latapie au Tango.
 
Les pouvoirs publics sont au pied du mur. Espérons qu’ils feront preuve du même engagement dans ce domaine qu’en matière d’égalité des droits.