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 d’ADHEOS

Ce 23 septembre est la Journée internationale de la bisexualité. A cette occasion, TÊTU a interrogé deux représentants de l’association Bi’Cause, la seule association française dédiée à la visibilité de cette orientation sexuelle.
 
Aujourd’hui, c’est la Journée internationale de la bisexualité, créée en 1999 et célébrée pour la 3e fois en France. A la manœuvre: la seule association bi française, Bi’cause. Rencontre avec sa présidente, Nelly Ambert, et Jann Halexander, membre de son conseil administratif, pour qui la situation des bis reste souvent niée.

 
 
TÊTU: Quel est l’objectif de la Journée internationale de la bisexualité?
Jann Halexander: Nous sommes bisexuels tous les jours mais cette journée nous donne de la visibilité. Elle rappelle que l’on existe, qu’il n’y a pas que les hétéros et les homos, et que les identités peuvent être complexes.
Nelly Ambert: Ce n’est pas une fête de la bisexualité mais un véritable marqueur idéologique, qui nous donne l’occasion de faire un état des lieux des droits et de la reconnaissance des bisexuels en France. Cette année, nous avons choisi d’axer la journée sur le thème de la biphobie. Nous entendons de nombreux témoignages d’insultes, de mépris, de réflexions qui nient notre identité, mais la biphobie est peu prise en compte.
 
Avez-vous le sentiment qu’elle l’est moins que l’homophobie? Quelles sont vos relations avec les autres associations LGBT?
J.H.: Le problème est que de nombreuses victimes de biphobie n’osent pas témoigner ou appeler les associations de lutte contre l’homophobie. A tort, elles ne se sentent pas légitimes pour le faire et se disent que le témoignage d’un bi ne sera pas pris en compte. Et il a déjà pu m’arriver, dans des assocs LGBT de province, d’être le seul bi et de ressentir que je n’y avais pas forcément ma place.
N.A.: D’un point de vue institutionnel, nos relations avec les autres assoces sont excellentes. Nous sommes accueillis chaque année à la gay pride et n’avons jamais entendu aucun commentaire négatif. Mais dans l’ensemble de la société, la biphobie reste très niée.
 
Comment se traduit cette biphobie? Les garçons et les filles bi sont-ils confrontés au même type de remarques?
 
N.A.: La biphobie recouvre beaucoup de choses et témoigne avant tout d’une grande méconnaissance et de nombreux fantasmes. La bisexualité n’est pas reconnue comme une identité valable, ni même possible, et des homos peuvent nous dire de nous assumer et de sortir du placard. Pour beaucoup de gens, les bi sont infidèles, inconstants. Ils ne savent ni choisir ni s’engager, et on rencontre encore souvent, dans les annonces, «bi s’abstenir». Pour les mecs hétéros, les filles bi deviennent vite un objet de fantasme sexuel. Ils pensent tout de suite à des plans à trois, se disent que l’on doit beaucoup aimer le sexe, c’est très agressif. Les femmes, elles, nous perçoivent comme des prédatrices. La bisexualité est souvent réduite à une orgie de sexe.
J.H.: Face aux bi, les hétéros sont souvent partagés entre fantasme et mépris. Certains sont admiratifs que je puisse passer d’un corps à l’autre, mais d’autres sont très intolérants et ne le supportent pas. Dans une entreprise où j’ai travaillé, quelques-uns ne m’ont plus adressé la parole dès qu’ils ont su que j’étais bi.
 
Quelles actions envisagez-vous pour lutter contre la biphobie?
N.A.: Nous essayons de mettre en place un comité de travail commun avec SOS homophobie. Nous aimerions également créer des antennes de Bi’Cause en province et un dispositif d’accueil et d’écoute destiné aux bisexuels. Nous voulons par ailleurs améliorer la visibilité des bi. L’année prochaine étant une année bissextile, nous allons éditer un calendrier spécial! Enfin, nous souhaitons rédiger un livret d’aide pour donner des éléments de réponse face aux réflexions les plus fréquentes. On en profite pour lancer un appel: tous ceux qui ont des idées peuvent venir nous rejoindre!