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 d’ADHEOS

Le projet de loi Famille porterait sur des questions de vie pratique, ce qui rend difficilement envisageable l’introduction de la PMA dans ce texte de loi.  
 
Un an après l’interview de Christiane Taubira à La Croix au sujet de la loi ouvrant le mariage aux couples homosexuels, c’est au tour du Premier ministre Jean-Marc Ayrault de s’exprimer dans ce même quotidien, sur la politique familiale voulue par l’exécutif. L’occasion pour le chef du gouvernement d’aborder la question de la PMA, de donner son opinion sur la «théorie du genre», et de préciser le calendrier et le contenu de la future loi Famille.
 
Concernant la PMA, il rappelle de prime abord qu’elle n’a pas été inscrite dans la loi sur le mariage pour tou.te.s. Pas étonnant, puisqu’il avait alors lui-même arbitré qu’elle serait dans la loi Famille : "La PMA mérite un débat en tant que tel, c’est pourquoi elle figurera dans le projet de loi famille"
 
Mais aujourd’hui, rien n’est moins sûr puisque étendre la PMA aux couples de femmes relève selon Jean-Marc Ayrault de l’éthique:
 
«Il s’agit d’un sujet lourd, qui soulève des questions éthiques. Nous avons annoncé notre choix d’attendre l’avis du Comité consultatif national d’éthique. D’un côté, il y a des situations douloureuses, qu’il ne faut pas balayer d’un revers de la main; de l’autre, l’ouverture de la PMA hors cas d’infertilité aurait un impact profond sur la société. On ne peut pas traiter de ce sujet au détour d’un amendement, ce n’est pas la bonne méthode. Sur ces sujets, il faut chercher le consensus et ne pas travailler dans l’urgence.»
 
À l’inverse, la loi Famille serait «concrète», ne concernant que des questions de vie pratique:
 
«Le texte est en cours de préparation, il sera prêt avant les municipales. En revanche, le calendrier parlementaire étant extrêmement chargé, il est trop tôt pour dire s’il sera discuté avant cette échéance. À ce stade, tous les arbitrages n’ont pas encore été rendus, mais ce que l’on peut dire, c’est qu’il s’agira d’une loi très concrète, qui vise à faciliter la vie des familles. L’idée est de sécuriser les liens et de mieux protéger l’enfant, notamment dans les cas de séparations. Par exemple, faciliter le partage de l’autorité parentale des parents séparés en ce qui concerne les actes de vie quotidienne, signer un bon de sortie à l’école, donner son accord pour un séjour scolaire, etc.»
 
Le Premier ministre a par ailleurs tenté de rassurer celles et ceux qui poussent des cris d’orfraie à l’idée que l’on enseigne «la théorie du genre» aux jeunes pousses de la nation.
 
«De quoi parle-t-on? S’il s’agit de faire reculer les stéréotypes, je pense que tout le monde sera d’accord. En effet, il reste énormément de progrès à faire en matière d’égalité entre les hommes et les femmes. Ces dernières ont des salaires moins élevés, des progressions de carrière moindres et elles sont moins nombreuses à occuper des postes à responsabilités, y compris dans la haute fonction publique.
 
En revanche, il n’est pas question d’introduire je ne sais quelle idéologie à l’école! Il n’est pas question d’un temps d’enseignement sur la théorie du genre, pas plus dans les programmes scolaires que dans la formation des enseignant.e.s. Le ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon, a été clair là-dessus. L’objectif, c’est la lutte contre les stéréotypes, et cela passe par l’école. Je pense par exemple au partage équilibré des tâches familiales entre les parents.»
 
Jean-Marc Ayrault aurait pu prendre la peine de réviser un peu avant de répondre à cette question: au début du mois, Vincent Peillon avait souligné l’absurdité de ces craintes puisque «la "théorie du genre" n’existe pas». En qualifiant celle-ci «d’idéologie», le Premier ministre a raté le coche.