Le Pakistan a bloqué cette semaine l’accès à un site internet local destiné à contrer la discrimination envers les homosexuels, car jugé "contraire à l’islam" et à la culture de ce pays conservateur, ont indiqué jeudi les autorités.
Le site www.queerpk.com, dont le slogan est "Ne nous haïssez pas, apprenez à nous connaître", souhaite lutter contre la discrimination envers les homosexuels, lesbiennes et transsexuels et aussi à réseauter la communauté gaie au Pakistan.
L’Autorité pakistanaise des télécommunications (PTA) a bloqué mercredi l’accès à ce site après avoir reçu des plaintes d’internautes.
"Nous avons bloqué l’accès, en respectant la loi, car le contenu du site est contraire à l’islam et aux normes de la société pakistanaise", a déclaré à l’AFP Kamran Ali, porte-parole du PTA.
Au Pakistan, les relations sexuelles entre personnes du même genre sont interdites par la loi, mais les transsexuels, appelés localement "hijras", sont reconnus comme "troisième sexe".
Le modérateur du site interdit a confié à l’AFP qu’il n’allait pas contester la décision du régulateur des télécommunications devant les tribunaux, craignant une "réaction négative" au sein de la population.
"Nous voulions offrir une plateforme pour les personnes abandonnées par la société en raison de leur orientation sexuelle. Je n’étais pas très confiant, je savais qu’un jour ou l’autre, le site allait être bloqué", a-t-il confié à l’AFP sous le couvert de l’anonymat.
Selon une étude récente du centre de recherche Pew, le Pakistan est l’un des pays les moins tolérants à l’égard de l’homosexualité sur 39 nations sondées.
La métropole pakistanaise Karachi (sud) compte pourtant une importante communauté gaie, alors que les relations homosexuelles sont relativement admises dans les zones tribales du nord-ouest du pays, devenues au cours des dernières décennies un sanctuaire islamiste.
Le Pakistan avait bloqué il y a un peu plus d’un an l’accès au site de partage de vidéos YouTube, une décision contestée devant les tribunaux par le collectif local Bytes for All qui milite pour un libre accès à internet au "pays des purs".
De nombreux internautes au Pakistan utilisent des serveurs parallèles, des "proxy", ou passent par un réseau virtuel privé (VPN), afin de contourner la censure sur le web et ainsi accéder au contenu bloqué.
- source LORIENTLEJOUR