Suite aux menaces et au siège de l’hôtel où devait avoir lieu la conférence de la section asiatique de l’ILGA, l’événement a été annulé. Un participant français raconte.
La conférence de l’ILGA-Asia n’a pas eu lieu. Sensée faire le point du 26 au 29 mars sur les actions en Asie de la principale organisation internationale LGBT, elle n’a pas su triompher des pressions venues de la frange radicale de l’Islam, dans cet Etat connu comme le plus grand pays musulman du monde. Elle s’est même soldée par le quasi-siège d’un hôtel et le départ en catastrophe d’une partie de ses participants.
En effet les autorités publiques indonésiennes, qui avaient d’abord autorisé le rassemblement, l’ont annulé à la dernière minute à la suite de «pressions» de groupes islamistes. Ce que les participants, venus de 13 pays d’Asie et de quelques pays occidentaux, n’ont appris qu’à leur arrivée à l’hôtel Mercure de Surabaya (Java-Est) où les événements devaient avoir lieu.
«Atteinte à la morale»
Vendredi 26, au premier jour annoncé de la conférence, une cinquantaine d’extrémistes de l’Islam, qui avaient appris que les participants étaient tout de même présents, a carrément fait intrusion dans le hall de l’hôtel, condamnant les militants à rester dans les chambres. Leur exigence: que tous les indonésiens du groupe (une quarantaine de personnes) quittent immédiatement l’hôtel, et les internationaux dans les deux jours. La nuit suivante, les 80 participants ont été évacués sous escorte vers des lieux plus sûrs, sonnant ainsi le glas de la conférence.
«L’ambiance était très tendue, surtout du côté des participants indonésiens» explique à TÊTU, sur le chemin du retour, Joël Bedos (photo, au centre), coordinateur international de l’Idaho et seul participant français présent sur les lieux. En même temps, les manifestants islamistes semblaient surtout être des jeunes payés pour venir mettre la pression. Le plus inquiétant, c’est que des personnes aient été menacées physiquement pour cause d’"atteinte à la morale". Et que la police n’a pas su assurer notre sécurité, dans un lieu pourtant fermé.» Mis à part le ministre aux Affaires religieuses, la plupart des membres du gouvernement se sont publiquement désolés de l’annulation de la conférence. Mais la crise interne qu’affronte actuellement le parti modéré au pouvoir à Jakarta pourrait expliquer en partie le manque d’initiative politique contre les islamistes.