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 d’ADHEOS

L’UE est déterminée à faire respecter l’Etat de droit et les droits des LGBT en Hongrie même si Viktor Orban a largement remporté les législatives, a déclaré mardi le commissaire européen Didier Reynders à l’issue d’une réunion des ministres de l’UE à Luxembourg.

Plus tôt la ministre hongroise de la Justice Judit Varga avait mis en avant la victoire “écrasante” remportée par le leader nationaliste lors du scrutin du 3 avril, assurant que les électeurs “ne partagent pas les inquiétudes” de l’UE sur l’Etat de droit.

La Commission a lancé en juillet dernier une procédure d’infraction -pouvant mener à la saisie de la Cour de justice de l’UE- contre la Hongrie à propos d’une loi controversée interdisant d’évoquer auprès des moins de 18 ans “le changement de sexe et l’homosexualité”. Bruxelles juge cette loi discriminatoire à l’encontre de la communauté LGBT.

“Nous devons protéger les minorités”, même s’il y a une large majorité pour soutenir le gouvernement hongrois, a souligné le commissaire à la Justice lors d’une conférence de presse. “L’Etat de droit c’est aussi limiter la possibilité pour les autorités d’un Etat membre, même soutenues par une large majorité au Parlement, une large majorité au sein de la population, d’agir contre nos valeurs”, a-t-il poursuivi.

“Je n’opposerai jamais un verdict électoral et le respect de l’État de droit”, a aussi déclaré le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes Clément Beaune, dont le pays exerce la présidence semestrielle du Conseil de l’UE. “Nous (les pays de l’UE) avons un pacte fondamental commun qui s’applique et continue à s’appliquer tant que nous sommes engagés dans le projet européen”, a-t-il rappelé.

Lors de leur réunion, les ministres européens ont examiné la situation de l’Etat de droit dans cinq Etats membres dont la Hongrie. Didier Reynders a rappelé les “inquiétudes” de la Commission concernant l’indépendance de la justice, le pluralisme des médias et la lutte contre la corruption dans ce pays.

Judit Varga a quant à elle estimé que l’UE devait éviter de se diviser sur l’Etat de droit alors que la guerre fait rage à sa porte. “En ces temps très difficiles nous devons faire preuve de solidarité (…) Nous devrions nous concentrer sur les sujets qui nous unissent plutôt que sur ceux qui créent des divisions”, a déclaré la ministre de ce pays frontalier de l’Ukraine qui a vu affluer de nombreux réfugiés.

Les problèmes identifiés en Hongrie en matière de passation de marchés publics, de conflits d’intérêts et de corruption ont aussi conduit la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à annoncer le 5 avril le lancement d’une procédure qui peut aboutir à suspendre le versement de fonds européens à Budapest.

La lettre officielle doit être envoyée au gouvernement hongrois fin avril. Le mécanisme de “conditionnalité” est une procédure en vigueur depuis janvier 2021 mais encore jamais utilisée, permettant de suspendre le versement de fonds européens à un pays où sont constatées des violations de l’Etat de droit portant atteinte aux finances de l’UE. Sa mise en oeuvre devrait prendre entre six et neuf mois et la décision finale doit être prise à la majorité qualifiée d’au moins 15 des 27 Etats membres, représentant 65% de la population de l’UE.

La lutte insuffisante contre la corruption est aussi la raison du blocage par la Commission du plan de relance hongrois, d’un montant de 7,2 milliards d’euros de subventions européennes.