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 d’ADHEOS

Pendant toute sa campagne pour l’élection présidentielle de 2022, Marine Le Pen a pris soin de passer sous silence son opposition à toute avancée pour les droits des personnes LGBTQI+. Mais son logiciel et ses accointances politiques restent LGBTphobes. Le point si vous avez raté des épisodes.

Ne surtout pas rappeler les démons du FN : l’époque où Jean-Marie Le Pen comparaît l’homosexualité et la pédophilie, etc. Le temps, encore moins lointain, où Marine Le Pen voulait “supprimer le mariage homosexuel (sic) et le remplacer par un PACS amélioré”. La période où elle était radicalement opposée à l’adoption des enfants par les couples homosexuels”, puis son programme présidentiel de 2017 promettant d’abroger le mariage pour tous et d’empêcher l’ouverture de la PMA aux couples de femmes. Depuis le début de sa campagne 2022, Marine Le Pen a mis en sourdine son opposition à nos droits, laissant à Éric Zemmour la proximité assumée avec la Manif pour tous. Mais derrière ses silences, la candidate du Rassemblement national reste résolument dans le camp des opposants aux avancées pour les droits des personnes LGBTQI+.

Un programme expurgé des sujets LGBT

“Marine Le Pen s’engage à un moratoire de trois ans sur les sujets sociétaux”, précise le volet “famille” de son programme, qui ne promet donc plus de revenir sur le mariage pour tous ni sur la PMA pour toutes. “J’ai neuf millions de pauvres dont je dois m’occuper, j’ai 5,6 millions de chômeurs dont je dois m’occuper (…) La PMA sans père, ça concerne combien de personnes ? Quelques centaines”, balayait la candidate en mars sur BFMTV alors que les centres de PMA sont débordés par l’afflux de demandes.

Pas étonnant que le sujet ne préoccupe pas Marine le Pen, puisqu’elle a voté contre la PMA pour toutes et ce, à toutes les lectures du texte à l’Assemblée. “Le législateur se doit d’apporter une protection à l’enfant avant toute autre considération”y déclarait-elle en septembre 2019, ajoutant : “Oui, un enfant a droit à avoir un père”. Marine Le Pen ne comblera donc évidemment pas les manques de la loi. Concernant les autres questions, au terme du moratoire sociétal promis, elle s’engage à ce qu’elles soient “éventuellement” soumises à référendum…

Désormais silencieuse sur la PMA, Marine Le Pen s’engage en revanche à “refuse[r] de reconnaître la filiation des enfants nés à l’étranger par la GPA” et promet une loi anti-GPA “renforcée, pour éviter les contournements de la loi en ayant recours à des filières étrangères”, qui permettrait donc de poursuivre les parents concernés. Pourtant, la justice a tranché qu’il était de l’intérêt supérieur des enfants concernés – nés d’une GPA légale à l’étranger – d’être reconnus à l’état civil.

Marine Le Pen, Vladimir Poutine et Viktor Orbán

Sur la question de la lutte contre l’homophobie à l’école et de la sensibilisation des élèves aux questions d’identité de genre et d’orientation sexuelle, Marine Le Pen chante avec les conservateurs homophobes de tous pays. “Laissons les mineurs tranquilles”, a-t-elle ainsi déclaré pour justifier, en juin dernier, l’adoption en Hongrie de la loi interdisant purement et simplement la représentation de couples homos dans les livres, les pubs, ou les films diffusés à la télé avant 22 heures. Poursuivant cet amalgame spécieux, elle martèle qu’il “ne faut faire la promotion d’aucune sexualité auprès des mineurs”. Depuis, Viktor Orbán a perdu son référendum sur ce sujet mais elle a reçu son soutien via une vidéo diffusée à son meeting de Reims, où le Premier ministre hongrois déclarait : “Nous voulons protéger les familles et nous ne voulons pas laisser entrer les militants LGBTQ dans nos écoles”.

Sur l’Europe, le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, affirmait en mai dernier qu’il “n’y a pas de zone anti-LGBT en Pologne”. Au Parlement de Bruxelles, l’eurodéputé Bardella a voté avec les autres élus du RN contre une résolution condamnant ces déclarations anti-LGBT de communes polonaises. Ils ont également voté contre une déclaration destinée à faire de l’Union européenne une “zone de liberté LGBTI”. Et alors que la Commission européenne a suspendu le versement de fonds à ces régions “sans LGBT”, Marine Le Pen a qualifié ce bras de fer de “chantage inacceptable”. Posant, tout sourire, main dans la main avec le chef du gouvernement conservateur polonais.

En France, la gestion des dossiers locaux par le Rassemblement national n’est pas bien meilleure sur nos questions. À Nice, le RN regrette que la ville donne une subvention à Paje, l’asso LGBTQI+ locale. En Auvergne-Rhône-Alpes, une élue RN qualifie Écrans Mixte, le festival de cinema queer, de “porno”. Reprenant l’argumentaire de Vladimir Poutine, un conseiller municipal de Metz qualifie “l’idéologie LGBT” de “dérive sociétale”. En septembre 2020, un adjoint du Val-de-Marne doit être démis de ses fonctions après des injures homophobes. Dans un différend qui l’opposait au trésorier du parti, il écrivait : “Depuis 40 ans Wallerand, pour qui j’avais le plus grand respect et je sais réciproquement, est passé de l’agenouillement à Saint Nicolas du Chardonnet à celui du backroom LGBT de la rue des Suisses de Nanterre. Triste destinée“. Thierry Devige s’en était également pris à l’eurodéputé Guy Verhofstadt, qui soutenait les personnes LGBTQI+ persécutées en Pologne, écrivant : “L’écartement des dents de Guy Verhofstadt explique-t-il son soutien aux LGBT ?”. Marine Le Pen sait s’entourer.