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 d’ADHEOS

En Ukraine, seuls une épouse ou les plus proches parents peuvent reconnaître le corps d’un militaire mort au combat. Cette femme de 33 ans a donc décidé de se marier avec son ami d’enfance et de partager leur histoire en espérant voir “les lois progresser”.

Elle n’a eu que 24 heures de réflexion, avant de lui dire “oui”. Leda, Ukrainienne de 33 ans, est une “déplacée de Crimée“, comme elle se présente. Dans ce café de Kiev, elle raconte le coup de fil de cet ami de toujours désormais soldat mobilisé sur le front dont elle protège l’identité et que nous appellerons Andryi : “On se connait depuis qu’on a 8 ans. Il s’est engagé dans l’armée dès le début de la guerre. Fin octobre, il m’appelle et me demande en plaisantant : ‘Dis, tu n’es toujours pas mariée, toi ? Veux-tu m’épouser ?'”

Andryi est en couple avec un homme depuis 15 ans, mais en Ukraine où le mariage gay n’est pas d’actualité, son compagnon n’a aucun droit si le soldat mourrait au combat. En Ukraine, seule l’épouse ou les plus proches parents peuvent identifier la dépouille. Alors, Leda accepte de l’épouser pour jouer ce rôle d’intermédiaire, entre l’homme qui partage la vie d’Andryi, et l’État ukrainien, s’il fallait un jour reconnaître son corps, ou décider de son sort.

“Je ne suis pas une militante LGBT, juste une citoyenne ukrainienne, qui veut voir les lois de son pays progresser, que la Constitution garantisse l’égalité des droits pour tous.” Leda à franceinfo

“Ce n’est pas une priorité, pendant la guerre”, lui répondent ses détracteurs quand elle partage son histoire sur Facebook, avec cette photo d’elle, qu’elle nous montre. On découvre alors Leda en fiancée à l’hôtel, enveloppée dans un drap blanc, comme une robe de mariée, mais sans alliance. “Je pense que la photo raconte bien ce que vivent tant d’Ukrainiens. Des militaires, mais aussi leurs femmes, leurs partenaires séparés depuis le début de la guerre. Nos vies ont déménagé dans des chambres d’hôtel”.

Le président Zelensky favorable à un Pacs

Leda ne veut pas parler de sa situation et veut se protéger : sa démarche lui a déjà valu des commentaires haineux homophobes. Mais l’Ukrainienne n’a pas de regrets : “Si cela peut aider d’autres personnes”, souffle-elle. Et puis les choses bougent un peu : une pétition pour légaliser le mariage homosexuel a récemment été prise en compte par le président Zelensky. “Il a répondu que l’on ne pouvait pas modifier la Constitution par temps de guerre, mais il a demandé au Premier ministre de préparer un projet de Pacs”, se réjouit Leda. Un espoir, donc, pour ces soldats homosexuels.

Leda, elle, a épousé son ami d’enfance il y a quelques jours, à distance. Elle rêve maintenant d’assister au vrai mariage d’Andryi et de son compagnon en Crimée, reprise par l’Ukraine. Devant l’autel cette fois, elle ne serait pas sa fausse épouse, mais le témoin de leur union.