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 d’ADHEOS

Environ 5.000 personnes ont découvert leur séropositivité au VIH en 2021, un chiffre stable depuis trois ans. Quant aux dépistages, après un net infléchissement dû au covid, ils sont de nouveau en hausse.

ous les ans, à l’approche du 1er décembre, Journée mondiale de lutte contre le VIH/sida, l’actualisation des données de Santé publique France concernant l’épidémie – ainsi que les autres infections sexuellement transmissibles (IST) – est attendue. Et chaque fois, leur manque d’exhaustivité déçoit le monde associatif. Au cours de l’année écoulée, toujours accaparés par le Covid-19, les laboratoires d’analyse n’ont pas vraiment joué le jeu, et le peu de données qu’ils ont fait remonter ont forcé les statisticien·nes à les corriger. Quoi qu’il en soit, la France semble confrontée à un plafond de verre dans la lutte contre le VIH.

Deux ans après le début de la crise du Covid-19, les dépistages ne s’en sont toujours pas totalement remis : en 2020, leur nombre avait chuté de 13% avec un pic à -56% lors du premier confinement. En 2021, ils ont à nouveau augmenté de 8% pour atteindre 5,7 millions de sérologies réalisées, sans toutefois retrouver le niveau d’avant-covid. “Le premier semestre 2022 montre que l’activité de dépistage du VIH a cette fois-ci dépassé le premier semestre 2019. On est enfin dans une pente encourageante en termes de dépistages”, se félicite Florence Lot, responsable de l’unité VIH-IST-Hépatites à Santé publique France (SPF).

5.000 nouveaux séropos par an

Ces dépistages mettent en lumière une relative stabilité du nombre annuel de personnes apprenant avoir contracté le VIH, qui oscille autour de 5.000 diagnostics depuis trois ans, en baisse pour les HSH (hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, majoritairement des hommes gays et bi) nés en France, mais en augmentation pour ceux venant de l’étranger. Quant aux femmes hétérosexuelles nées à l’étranger, elles représentent également un gros contingent de personnes (autour de 1.000 par an) découvrant leur séropositivité.

Mais ces chiffres sont difficiles à interpréter. En effet, si une baisse des découvertes des infections peut évidemment dire que leur nombre diminue, elle peut aussi être causée par le fait que moins de personnes apprennent leur séropositivité. Tout juste sait-on, selon une estimation de l’Inserm qui n’a pas été actualisée depuis 2017, que quelque 25.000 personnes vivent en France avec le VIH sans le savoir. Par ailleurs, on apprend en moyenne trois ans après avoir été infecté sa séropositivité, selon une donnée de la Haute autorité de santé qui n’a pas non plus été réévaluée depuis 2014. “Avec plus de données, nous pourrions faire des campagnes de dépistage plus ciblées et pousser des personnes qui ne passent pas la porte d’un laboratoire d’analyses à connaître leur statut sérologique”, plaide auprès de têtu· Camille Spire, présidente de l’association Aides.

Un tiers des découvertes du VIH au stade sida

Conséquence de ce retard dans la prise en charge : un tiers des personnes qui découvrent leur séropositivité (29%) l’apprennent alors qu’elle sont déjà à un niveau avancé de l’infection, à un stade sida – c’est-à-dire que leur taux de CD4 est inférieur à 200/mm3. Or, pris en charge précocement, un patient porteur du VIH a aujourd’hui la même espérance de vie qu’une personne qui ne l’est pas. Tandis qu’apprendre tardivement sa séropositivité conduit à une perte de chances de maîtrise de l’infection.

Un autre chiffre en stagnation est également très inquiétant : un quart des homos et bi de l’étude “Rapport au sexe” (ERAS) 2021 indiquent ne pas s’être protégés lors de leur dernier rapport anal avec un partenaire sexuel occasionnel. Une donnée en stagnation depuis 2017, ce qui témoigne de la difficulté à convaincre de nouvelles personnes de se protéger lors de leurs rapports sexuels. La prévention a elle aussi énormément évolué chez les 75% de personnes pratiquant le “safe sex” : en 2017, si deux tiers utilisaient un préservatif (67%), elles ne sont plus aujourd’hui que 45%. La PrEP s’est désormais installée comme un moyen de prévention utilisé par près d’un HSH sur trois (28%), contre 7% en 2017, un an après sa mise sur le marché français.

Explosion des IST

Sur le front des autres IST, le tableau n’est pas bien meilleur. Entre 2014 et 2021, le nombre de personnes atteintes d’une chlamydia trachomatis a quasiment doublé (+86%), principalement dans les départements et régions d’outre-mer et en Île-de-France. Cette IST touche particulièrement les jeunes : 65% des cas dépistés en CeGIDD (centre gratuit et anonyme de dépistage) concernent des jeunes de moins de 26 ans. Les gonocoques sont quant à eux en augmentation continue depuis 2016 : la médecine générale remarquant une augmentation de 45% des infections à gonocoques entre 2020 et 2021. Heureusement, les résistances de ces bactéries aux antibiotiques ont diminué, passant de 0,8% en 2019 à 0,2% en 2021.

Enfin, les hommes gays et bi sont particulièrement touchés par la syphilis : le taux de positivité est 6 à 9 fois supérieur que chez les hétéros. Si le nombre de diagnostics de syphilis est relativement stable en CeGIDD (autour de 3.300 en 2021), il explose en médecine de ville avec une hausse de 42% par rapport à 2020 et 9.291 cas rapportés.