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 d’ADHEOS

À peine intronisé, le nouveau gouvernement conservateur revient sur plusieurs mesures sociales prises par Zapatero. Parmi elles, la fin de l’enseignement d’éducation civique au collège, qui abordait le thème des libertés sexuelles et la diversité des modèles familiaux. Un premier pas vers la fin du mariage homo?
 
L’Espagne aurait-elle enclenché la marche arrière? Alors qu’il a pris ses fonctions depuis un mois à peine, le nouveau gouvernement de Mariano Rajoy (Droite conservatrice) revient déjà sur plusieurs mesures sociales progressistes adoptées par son prédécesseur, José Luis Zapatero. Le 25 janvier, Alberto Ruiz-Gallardon, nouveau ministre de la Justice, a annoncé des restrictions à la liberté d’avorter. Ce mardi, José Wert, ministre de l’Education, a emboîté le pas de son collègue en décidant d’annuler les cours d’éducation civique qui abordaient notamment le respect des libertés sexuelles.
 
Mis en œuvre par le gouvernement Zapatero en 2006, ces cours d’«Éducation à la citoyenneté» sont assurés dans tous les collèges d’Espagne. Novateur en matière d’éducation, l’enseignement aborde des thèmes comme l’égalité, le respect des libertés sexuelles, la diversité des modèles familiaux ou encore le multiculturalisme. Même si aucun module du programme scolaire n’était exclusivement consacré à la question de l’homosexualité, le thème était largement abordé dans les classes. Prof de philo et rédacteur de manuels scolaires d’éducation civique, Luis Cifuentes regrette déjà ces cours qui font avancer l’éducation avec son époque. «Il y a un intérêt indiscutable des adolescents pour cette matière, et particulièrement pour le thème des libertés sexuelles. La participation est particulièrement vive et, loin de diviser les élèves, ces questions font l’objet de consensus sur le rejet des discriminations. Si l’on peut entendre quelques blagues de mauvais goût au départ, ces débats se font toujours sérieusement, et avec une vraie qualité sur le fond.»
 
L’Eglise aux commandes
Cette matière scolaire qui bouscule les conservatismes fait débat en Espagne depuis sa mise en place. De nombreux parents se sont indignés dès 2006 contre ce qu’ils jugent être des prises de positions gauchistes, et incongrues en milieu scolaire. Dès 2006, des plaintes ont été déposées par centaines par des parents qui se sont auto-proclamés «objecteurs de conscience». La Cour Suprême, la plus haute juridiction en Espagne, a statué sur la question le 28 janvier 2009: oui, ces cours sont compatibles avec la Constitution et les objections de conscience ne sont pas recevables. Pas découragés pour autant, les parents récalcitrants ont porté l’affaire devant le Tribunal des Droits de l’Homme de Strasbourg, qui n’a pas encore statué. «La vérité, c’est que l’Eglise catholique conservatrice est derrière tout ça, tranche Luis Cifuentes. Les grandes associations anti-avortement et anti-mariage homo ont fait pression sur le Partido Popular (droite, parti de Rajoy) et ont eu gain de cause.»
 
Pour justifier sa décision, le ministre José Wert n’a pas mâché ses mots. «Ces cours d’éducation civique s’étaient transformés en un véritable endoctrinement.» Concrètement, José Wert veut que ces matières scolaires s’appelle désormais «éducation civique et constitutionnelle.» Le contenu n’a pas encore été dévoilé, mais le ministre a déjà précisé que les thèmes de la liberté sexualités, de la diversité des modèles familiaux seront supprimés. La puissante Fédération espagnole des défenses des droits LGBT (FELGBT) s’est publiquement indignée de cette mesure. Désiré Chacon, secrétaire général du collectif, exige du ministre dans un communiqué «qu’il dise clairement et publiquement quels sont les contenus précis des cours qui portent à controverse. Qu’il révèle aussi s’il est ou non manipulé par les fondamentalistes religieux et si nous pouvons donner un nom clair à ce qu’il nous raconte: LGBTphobie.» Ce que ne dit pas le communiqué mais que redoutent tous les homos d’Espagne, c’est que cette loi puisse être un premier pas vers d’autres mesures contre les droits LGBT. En premier lieu bien sûr, le droit au mariage que Mariano Rajoy conteste, sans pour autant clamer son intention de l’abroger.