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 d’ADHEOS

Un reportage réalisé par une télévision flamande montre la violence verbale et les menaces subies par un couple de garçons. Mais la polémique enfle sur les partis pris de tournage..
Depuis quelques jours, un reportage de la télévision publique flamande VRT fait le buzz dans la communauté LBGT belge. Le journaliste Sven Pichal s’est promené avec un ami dans les rues d’Anvers et de Bruxelles, enlacés ou main dans la main. Le couple est filmé en caméra cachée. Le reportage est inspiré de Femmes de la rue, un documentaire de la jeune réalisatrice flamande Sofie Peteers . Excédée par les commentaires sexistes qu’elle entendait systématiquement sur son passage dans le quartier où elle résidait, elle s’était laissé filmer de la même manière. Le film, édifiant, démontrait le harcèlement sexuel dont les femmes étaient victimes mais avait aussi été très critiqué car il stigmatisait les populations immigrées. Suite à la diffusion du documentaire, la ministre de l’Intérieur Joëlle Milquet avait néanmoins annoncé le dépôt d’un projet de loi visant à mieux protéger les victimes d’agressions sexistes.
 
Le film de Sven Pichal veut prouver que, dans un pays où la communauté homosexuelle a bénéficié de toutes une série d’avancées législatives, l’intolérance, voire la violence envers les LGBT est toujours bien présente. Dans le reportage, on voit tout d’abord des passants qui se retournent. Les regards sont appuyés et réprobateurs. Le couple s’en rend compte («les regards ne deviennent pas plus sympas au fur et à mesure qu’on avance»). Mais au départ, rien n’est dit. Puis soudain, les insultes homophobes fusent. D’abord des rires humiliants. Puis des cris («Oh mon dieu, je vois des pédés!»). Des questions lourdes («qui encule l’autre le premier?»), des remarques blessantes («Une chatte, c’est quand même mieux»). «Pédés, tapettes, qu’Allah vous maudisse». Le couple ose de moins en moins réagir. «Il y a des hôtels pour ça, retire la main, c’est du vice»! Une seule fois, quelqu’un intervient pour dire que chacun doit pouvoir faire ce qu’il veut. Arrivé face à un groupe de jeunes ados qui les a traités de «jeannette» (tapette en néerlandais), le couple se défend: «Pourquoi avez-vous dit Tapettes? – C’est quand même bien ce que vous êtes? – Non, nous sommes gays». Quelqu’un dans le groupe demande «Ça fait mal? Tu dois te mettre de l’huile dans le cul». Puis arrive le racket: «Donne-moi un euro? Donne-moi de l’argent ou on te casse la gueule». Le couple gay s’éloigne, mais les jeunes les suivent et reviennent à la charge dans un parc « Donne-moi de l’argent, je ne vais pas te le demander 7 fois. A la 3e fois, je te casse la gueule». Sentant le danger, le couple s’éloigne mais est pris en chasse par le groupe de jeunes. Le reportage se termine de cette manière, particulièrement anxiogène.
 
Clichés simplistes
Depuis sa diffusion, le débat fait rage. Sven Pichal et son ami ne se promènent en effet pas n’importe où. Les quartiers filmés sont ceux qui concentrent la plus forte densité de population d’origine immigrée à Bruxelles. Certains observateurs craignent une stigmatisation de ces communautés et dénoncent une provocation et des clichés simplistes. Pour d’autres, il n’est pas normal que des couples gays puissent manifester leur affection publiquement sans danger dans certains quartiers, mais risquent leur vie dans d’autres.
 
L’an dernier, la Ville de Bruxelles a décidé de poursuivre les insultes homophobes via des amendes administratives. Légalement, les LGBT ne pourront rien obtenir de plus. La solution passe sans doute par l’éducation et l’enseignement. Depuis le mois de septembre, les écoles ont l’obligation de prendre des initiatives en matière d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle. Mais rien n’oblige les enseignants à parler de l’homosexualité à leurs élèves…