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 d’ADHEOS

  Face à l’impasse rencontrée en France, de nombreux couples lesbiens se tournent vers l’insémination artificielle en Belgique. A tel point que les cliniques belges ont dû créer des dispositifs réservés aux Françaises.
 
 On les surnomme les «bébés Thalys». Ces enfants nés de mère française mais conçus dans les cliniques de fertilité belges. Une expression un peu réductrice qui cache un véritable parcours du combattant pour de nombreux couples de lesbiennes désirant un enfant. En France, seuls les couples hétérosexuels qui souffrent de stérilité peuvent avoir accès aux techniques de procréation médicalement assistée. Et la législation hexagonale interdit l’adoption par un couple homosexuel.
 
 Seulement une dizaine d’hôpitaux
Plusieurs milliers de Françaises se rendent ainsi chaque année en Belgique pour une insémination artificielle avec donneur anonyme (IAD). La demande est telle que les cliniques de fertilité belges ont dû créer des dispositifs réservés aux demandes venant de l’Hexagone. Seulement une dizaine d’hôpitaux belges pratiquent l’IAD, dont cinq avec un personnel francophone, à Bruxelles et à Liège.
 
«Quand le secrétariat est ouvert pour les Françaises, en une heure, tout est complet». Le centre universitaire Erasme, situé dans la capitale belge, aide ainsi tous les ans une centaine de couples de lesbiennes françaises à avoir un enfant. En 2002, devant l’afflux de demandes, l’hôpital a choisi de fixer une limite. «Désormais, nous avons deux places par semaines pour les demandes venant de l’étranger», explique le docteur Anne Delbaere, chef de la clinique de fertilité. «Le secrétariat est ouvert un jour tous les trois mois pour ces demandes. Les rendez-vous sont pris par ordre d’appel. Et en une heure, tout est complet». «C’est une situation qui ne me satisfait pas», poursuit le docteur. «C’est extrêmement frustrant de ne pas pouvoir aider ces femmes. Mais il y a eu un moment où les IAD pour les homosexuelles françaises représentaient la majorité de notre travail. Or, nous ne pouvons pas traiter uniquement des patientes qui, à la base, n’ont pas de problème de fertilité à proprement parler».
 
Une procédure qui coûte cher
Une fois le rendez-vous tant attendu obtenu, le couple doit rencontrer un psychologue. «Notre objectif n’est pas de juger, mais d’écouter le projet de chaque couple. Cela permet de poser toutes les questions: celles des origines, de la place de l’autre parent, et d’aider les femmes à trouver les réponses qu’elles donneront par la suite à l’enfant. De plus, la loi française ne reconnaissant que la femme qui a porté l’enfant comme parent, il est important de discuter de l’avenir de la relation de l’autre femme avec l’enfant si le couple se sépare», explique la psychologue Chantal Laruelle. «Il est rare qu’un couple ne reçoive pas l’agrément, mais cela arrive. Notamment si la relation avec l’entourage n’est pas claire. Une demande peut aussi être reportée afin que le couple puisse mûrir son projet ».
 
Le traitement proprement dit requiert ensuite du temps et de l’argent. Le coût de la procédure, pour une grossesse menée à terme, à Erasme, s’élève à 750 euros, non remboursés, auxquels s’ajoutent 300 euros pour chaque insémination (car cela marche rarement du premier coup)… et les frais de voyage.