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 d’ADHEOS

A la surprise générale, l’Agence américaine des médicaments (FDA) a autorisé la vente libre d’un test salivaire de dépistage du sida. Cet outil n’est pas autorisé en France, mais Act-Up et Aides demandent un débat.
 
Le nom, à lui seul, résume le sujet: OraQuick In-Home HIV. Ce premier test détecte l’infection au VIH dans 92% des cas, à partir du liquide salivaire. Il sera en vente dans les pharmacies américaines. Chacun sera libre de l’acheter pour un test à domicile, sans accompagnement médical ou associatif.
 
Une initiative à étudier
Moins fiable que le test rapide effectué avec une goutte de sang sur le doigt, il est bien aussi bien moins performant que le test classique de quatrième génération, fait avec une prise de sang. Est-il plus simple à utiliser? Après avoir prélevé un échantillon de salive au niveau des gencives à l’aide d’un tampon, 20 à 40 minutes sont nécessaires pour avoir un résultat, sans aucune certitude: un test supplémentaire, par prise de sang, doit être effectué pour confirmation. Un résultat négatif ne garantit pas que le sujet n’est pas contaminé, surtout si ce dernier a été infecté au cours des trois mois précédents.
 
Mais à qui va-il donc servir? Aux Etats-Unis, à ceux qui ont les moyens de l’acheter et peut-être, à quelques-uns des 240.000 américains séropositifs ignorant leur statut, dans un pays où l’offre de dépistage est très insuffisante. En termes de santé publique, est-ce intéressant? «Au regard du système de santé américain, moins performant que le nôtre, ça peut-être intéressant, si le prix est accessible» explique Jean-Marie Le Gall, responsable de la recherche de Aides. «Un test moins performant, utilisé par les gens qui ne se dépistent pas assez, peut avoir un intérêt» ajoute-t-il.
 
Marge d’erreur conséquente
Hugues Fischer, d’Act-Up Paris, est sur le même tempo: «Si on veut le mettre à disposition des multi-partenaires, je dis pourquoi pas? Ils ne vont pas aller chaque mois au centre de dépistage.» Il suggère donc de «réfléchir de manière intelligente à l’extension de l’accès au dépistage. Mais l’avantage de diffuser, comme en France, des outils avec des autorisations et des circuits identifiés, c’est que l’on peut faire passer une information.» Car rien ne garantit que ce test sera bien utilisé, ni que le niveau d’information de l’utilisateur soit suffisant.
 
Autre danger: la marge d’erreur du test salivaire. Les experts de la FDA reconnaissent que son usage devrait, selon leur projection, laisser croire à quelques 3.800 séropositifs américains qu’ils ne sont pas contaminés. C’est l’une des raisons qui a fait que sur le territoire français, l’usage de ce test avait été examiné et rejeté dès 2010. Pour rendre ce test accessible aujourd’hui, les autorités de santé devront, si elles le souhaitent, changer la loi. A Aides, Jean-Marie Le Gall conseille de ne pas s’opposer au progrès, mais souligne que les pays qui souhaitent autoriser ce dispositif «devront veiller à garder de multiples offres de dépistage». Enfin, l’effet d’annonce de la FDA n’efface pas une triste réalité: même dépisté, aux Etats-Unis, un séropositif sur deux n’a pas accès au traitement.