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 d’ADHEOS

Même si l’homosexualité est illégale au Kenya, les autorités doivent reconnaître les associations LGBT. Ainsi en a décidé la Cour suprême de Nairobi dans un arrêt historique, qui consterne les religieux.
 
Après un bras de fer juridique de plusieurs années, Eric Gitari a obtenu gain de cause. Cet avocat et militant souhaitait enregistrer officiellement son organisation de défense des droits des gays et lesbiennes, la National Gay and Lesbian Human Rights Commission (NGLHRC), auprès de l’Etat kényan. Depuis 2012, il avait tenté d’inscrire l’ONG sous plusieurs noms. A chaque fois, il avait essuyé un refus de la part du Comité de coordination des organisations non-gouvernementales, qui rappelait que les rapports homosexuels étant illégaux au Kenya, il n’y avait pas lieu de reconnaître le droit des gays et lesbiennes à s’organiser.
 
La justice a été saisie en septembre 2013, et l’affaire est remontée jusqu’à la Cour suprême. Les juges Isaac Lenaola, Mumbi Ngugi et George Odunga ont tranché lundi. «Au Kenya, la Constitution prime», ont-ils rappelé. L’Etat, selon eux, «ne peut s’appuyer sur des textes religieux ou sur l’idée qu’il se fait des convictions religieuses et morales des Kényans pour justifier une limitation des droits».
 
Davantage d’ouverture et de démocratie
 
Cette décision «montre un pays qui est prêt à plus d’ouverture et de démocratie, malgré les défis. En privilégiant la moralité de la Constitution sur la moralité religieuse, les juges ont honoré l’esprit et les aspirations des Kényans», a salué Gitari.
 
L’incrédulité régnait dans une partie de la classe politique et au sein des milieux chrétiens conservateurs, qui ont prévu de faire appel. «Ce jugement est fondé sur des considérations très étroites, qui sont non seulement contraires au christianisme, mais aussi aux enseignements et aux traditions des musulmans», s’est indigné l’archevêque anglican Eliud Wabukala, chef de la principale Eglise du pays.
 
Harcèlement et chantage
 
Conformément au Code pénal hérité de l’époque coloniale, les rapports homosexuels entre hommes sont passibles d’une peine de 14, voire de 21 ans de prison au Kenya. En 2010, le Premier ministre Raila Odinga avait appelé à l’arrestation d’homosexuels des deux sexes. Cependant, peu de cas d’arrestations ont été rapportées ces dernières années. Par contre, la communauté LGBT est sujette au harcèlement violent et au chantage, notamment de la part de la police.