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 d’ADHEOS

Propriétaire de chambres d’hôtes à Andilly et ébéniste, Cees Drost, a prévu de se marier avec Pierre. La date est déjà fixée.
 
l dit « gay », jamais homosexuel. Cees Drost, un Hollandais, n’éprouve ni honte, ni fierté particulière. C’est ainsi, voilà tout. Il attend que la loi devant être votée aujourd’hui soit adoptée et a l’intention de se marier avec Pierre, un Français, avec qui il vit depuis quinze ans. Il voudrait en profiter pour organiser une grande fête à Andilly où il est ébéniste et tient une maison d’hôtes avec trois chambres. La date du mariage avait même été fixée : le 8 mai 2013. Finalement, en principe, ce sera le 8 mai 2014.
 
« Nous pensions nous pacser mais on ne s’en est pas occupé. Pendant la campagne électorale, François Hollande avait annoncé que s’il était élu, il ferait voter une loi pour que les gays puissent se marier. On s’est dit, pas de PACS, on se mariera. Quand François Hollande a été élu, on a choisi la date pour que tous nos amis dont beaucoup vivent à l’étranger aient le temps de s’organiser. Le mariage n’est toujours pas là, donc on le reporte à l’an prochain. »
 
« Barjot a perdu le cerveau »
 
L’idée était de se marier à Andilly et de faire une fête sur place. « Nous en avons parlé à des gens de la mairie, le maire était là. Il a répondu que le mariage n’avait pas encore été voté. J’ai l’impression qu’il n’y est pas favorable (Lire ci-contre). Quelqu’un d’autre qui fait partie d’une association où je suis également, nous en a dissuadés. Sa femme nous a dit d’aller plutôt à La Rochelle. Mais ce n’est pas possible puisque nous habitons ici. Bon, on peut toujours prendre une adresse à La Rochelle. Ou bien aller à Roannes, c’est la ville dont est originaire mon ami Pierre. »
 
Cees Drost est choqué par la violence des manifestations « anti-mariage » et par certains propos tenus. « Ce ne sont plus des manifestations, c’est la guerre. Cette Frigide Barjot, elle a perdu son cerveau. Et ceux qui la suivent n’ont pas le sens des réalités. Je comprends que certains aient des réticences par rapport à l’adoption mais de là à dire que les enfants élevés par des gays le deviendront, c’est ridicule. Comment peut-on dire des choses comme ça ! Dans les pays où ce mariage existe, on voit bien qu’il n’y a aucune différence entre les enfants élevés ainsi et les autres. En plus, il y a beaucoup d’enfants élevés par des hétéros qui sont malheureux. »
 
Cees Drost ne veut pas élever d’enfants. Il a 50 ans et juge que c’est trop tard. En plus, son ami travaille à Bruxelles et, lui-même n’est pas sûr de passer le restant de ses jours à Andilly. Il a travaillé dans bien d’autres pays et envisage toujours de voyager.
 
Des drapeaux toujours volés
 
« C’est une forme de liberté, beaucoup de gays sont comme ça d’ailleurs. Ils ne vont pas tous adopter des enfants. Si en France dans dix ans, il y a 100 000 enfants élevés par des gays, ce sera bien le maximum ! »
 
À Andilly, Cees Drost vit paisiblement mais il s’inquiète de la rapidité avec laquelle disparaît son drapeau gay. Aussitôt posé, aussitôt envolé.
 
« La première fois, c’était il y a deux ans. J’ai pensé que c’était peut-être un voleur homophobe ou quelqu’un à qui ce drapeau plaisait. Depuis, 17 drapeaux ont été volés. Le vendeur à la Rochelle est ravi mais quand même ! »
 
Pour en revenir au mariage, Cees Drost réclame simplement une égalité entre les hétérosexuels et les autres. « Si Pierre a un accident à Bruxelles et s’il meurt, je n’ai plus qu’à mettre un panneau à vendre ici. Jamais je ne pourrais payer les droits de succession. »
 
« Les vieilles tantes »
 
Cela fait maintenant quelques années que les deux amis se sont installés à Andilly. « Nous avions envie d’ouvrir des chambres d’hôte. On a trouvé cette maison, en fait ce sont trois maisons réunies. C’était des ruines. On a tout retapé. Et j’ai installé mon atelier d’ébéniste. Un jour, j’ai mis un panneau chambre d’hôtes dans la rue. Tout de suite quelqu’un est venu. Depuis cinq ans, cela marche très bien. A priori, ce ne sont pas des chambres réservées aux gays. Ce pendant, la majorité de la clientèle l’est. Je reçois aussi les hétérosexuels, souvent ça se passe très bien mais parfois ils sont gênés d’être avec des gays, dans ce cas, ils ne restent pas, c’est tout. »
 
Les chambres sont superbes, la salle de repas également. La maison s’appelle « Les vieilles tantes ».