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 d’ADHEOS

Une fille extravertie aux cheveux bleus, une histoire d’amour poignante entre deux femmes, une idylle qui se déroule en France. Au pays des ayatollahs, la parution en persan de la bande dessinée de Julie Maroh Le bleu est une couleur chaude (Glénat, 2010), adaptée au cinéma par Abdellatif Kechiche sous le titre La Vie d’Adèle, a provoqué la colère de certains conservateurs. La poète iranienne Sepideh Jodeyri, qui a récemment traduit pour les éditions Naakojaa cette romance, a été la cible ces derniers jours de plusieurs médias religieux.
 
PERSONA NON GRATA
 
Selon le quotidien britannique The Guardian, Aviny Film, un site conservateur iranien, s’emporte : "Sepideh Jodeyri soutient l’homosexualité… Comment pouvons-nous laisser une telle personne publier en Iran ?"
 
Un autre média, Farhang, accuse : "Elle [l’écrivaine] a donné des interviews à des sites antirévolutionnaires [référence à la révolution iranienne] à propos de son travail… De tels actes interrogent sur les valeurs de notre société."
 
Enfin, Raja News, interpelle les responsables du pays, arguant que la traductrice a utilisé "des financements du gouvernement [via le ministère iranien de la culture et de l’orientation islamique qui a autorisé des structures publiques à financer les activités de la poète, selon l’auteure de la bande dessinée]". Et de fustiger : "Les autorités compétentes devraient être en mesure d’empêcher ça."
 
Sepideh Jodeyri qui vit à Prague, en République tchèque, déplore une "chasse aux sorcières" et se dit désormais "persona non grata" dans son pays :
 
"Un événement qui devait se tenir à Téhéran pour présenter un recueil de poèmes a été annulé. Mon éditeur a été menacé et sa licence a été suspendue".
 
L’auteure de la BD, la Française Julie Maroh, a exprimé sa colère sur son blog, le 11 février :
 
"Il m’est insupportable qu’on laisse passer de tels événements sous silence. C’est une atteinte de plus cette année, cette vie, à notre liberté d’écrire, de lire, de communiquer et par-dessus tout d’aimer."
 
L’écrivaine ajoute : "En Iran comme ailleurs, de nombreux homosexuels sont profondément choqués de ce lynchage médiatique, atteints dans leur chair, mais aussi tous ceux qui perçoivent la gravité de ces événements".
 
Depuis la révolution de 1979, la République islamique réprime tout « égarement » sexuel. Elle condamne toute relation autre que celle d’un homme et d’une femme mariés. L’homosexualité est passible de peine de mort. Plusieurs associations de droits de l’homme, dont Amnesty international, ont dénoncé ces dernières années l’application de la peine capitale pour des hommes ou des femmes. Les gays ne sont pas reconnus et la mention d’homosexualité, taboue, est prohibée.