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 d’ADHEOS

Les propos d’Alexander-Karel Evrard, professeur émérite de l’Université de Gand, et ses comparaisons entre les homosexuels et «ceux qui ont un pied bot» ont provoqué un déluge de réactions en Flandre. Une plainte a été déposée pour homophobie.
 
En Belgique, les propos homophobes tenus par des personnalités publiques sont rares, à moins qu’ils ne viennent bien sûr de l’Eglise (et en particulier de Mgr Léonard, qui s’est déjà exprimé à plusieurs reprises sur le sujet). De la part d’un professeur d’université, c’est pour le moins inhabituel…
 
«Comme ceux qui bégayent ou les albinos»
Dans la revue Snep, publiée par l’association environnementale flamande Natuurpunt, un courrier d’Alexander-Karel Evrard (88 ans, photo) a choqué les lecteurs. Pour ce professeur émérite de l’Université de Gand, l’homosexualité, d’un point de vue biologique, est une déviance de la nature. L’universitaire réagissait à un article publié dans un numéro précédent, et qui s’élevait contre ceux qui trouvent l’homosexualité contre-nature. «Comme biologiste, affirme Evrard, je ne peux considérer l’homosexualité que comme une déviance. Dans le cas contraire, on devrait considérer les boiteux, ceux qui bégayent, louchent, les albinos, ceux qui ont un pied bot, etc., aussi comme naturel». Le professeur écrit encore qu’il n’a rien contre les LGBT, «qui sont comme ils sont, mais bien contre la propagation de cette déviance».
 
La publication de ce courrier a déclenché un déluge de réactions en Flandre. L’association Natuurpunt a même présenté ses excuses en expliquant que ce courrier n’aurait jamais du être publié et qu’il l’avait été suite à une mauvaise évaluation de la rédaction. L’Université de Gand a également pris ses distances.
 
Plainte
Suite à la polémique, Alexander-Karel Evrard s’est justifié dans les colonnes du Standaard, quotidien belge néerlandophone de référence, mais ces nouveaux propos ont surtout remis de l’huile sur le feu. «Est-ce que cette déviance apparait dans la nature?», demande le professeur. «Si oui, l’homosexualité est naturelle. C’est une première façon d’interpréter mes propos. Mais je pose aussi la question suivante: est-ce que cela rentre dans le plan biologique de la nature? Dans ce cas, la réponse est non parce que si l’on est tous homosexuels l’espèce s’éteint. Et comme scientifique, je privilégie ce deuxième aspect». Pour Evrard, l’homosexualité n’est pas non plus une maladie, mais «une déviance de la norme biologique, comme peut l’être un QI de 135 ou des cheveux roux».
 
Vendredi, Jean-Marie de Meester, avocat flamand qui avait déjà déposé plainte pour homophobie contre Mgr Léonard, a introduit une plainte auprès du centre pour l’Egalité des Chances et la Lutte contre le Racisme. Pour l’avocat, le fait qu’Evrard s’exprime en tant que professeur émérite donne une caution scientifique à ses propos. Cela pourrait perturber des jeunes homosexuels en quête d’identité, alors que cette population est fragile et que le taux de suicide y est important. De tels propos encouragent la discrimination des homosexuels, et Jean-Marie de Meester estime que la limite de la liberté d’expression a été dépassée.