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 d’ADHEOS

 
INTERVIEW. Même si le projet de loi anti-gay n’a pas été voté lors de la dernière session parlementaire, les militants ougandais restent sur leurs gardes. Les explications de Long John, responsable d’un groupe gay

 
Long John est du genre calme, posé. Mais lorsqu’il s’agit de défendre les droits des LGBT, c’est la fougue qui prend le dessus. «Trop, c’est trop. A un moment, on a envie de se défendre!», lance le secrétaire général de l’organisation gay Spectrum Uganda, créée en 2004.

 
 
En tongs, jeans et tee-shirt, le militant de 38 ans fait référence aux attaques de plus en plus violentes contre les LGBT. La dernière en date: le projet de loi anti-homosexualité du député David Bahati, qui n’a finalement pas été voté avant la fin de la dernière session parlementaire (lire article). Interview.
 
 
TÊTU: La pression internationale a-t-elle pesé pour empêcher le vote du projet de loi anti-gay?
Long John: Dès que nous avons réalisé que le projet de loi devait repasser devant le Parlement, il restait en fait 72h, et on se demandait si on allait pouvoir agir. Mais tout est allé très vite. En un ou deux e-mails, l’information s’est très bien propagée… La communauté internationale a réagi très vite et cela a encouragé le Parlement de l’union européenne à écrire directement une lettre au président du parlement, au président et aux ministres. L’Union européenne et les Etats-Unis étaient par ailleurs sur le qui-vive: on s’est arrangé pour qu’un représentant d’un pays de l’UE et un diplomate de la mission américaine assistent à une audience publique… Je pense que tous ces paramètres ont eu un grand impact.
 
Existe-t-il un vrai risque que le projet de loi soit transféré au nouveau parlement?
On le pense vraiment parce que la majorité des députés élus du nouveau parlement sont les mêmes que les anciens. Et l’initiateur du projet de loi, David Bahati, ne rencontre pas d’opposition. Il y a donc bien des chances pour que sa mission ne soit pas terminée… J’ajoute qu’il y a de fortes suspicions que David Bahati soit en lice pour le poste de ministre de l’Ethique et de l’Intégrité, parce que l’ancien (le Dr Nsba Buturo, fervent défenseur de l’anti-gay bill, ndlr) a démissionné et que le poste est vacant.
 
Avez-vous déjà songé à sensibiliser directement David Bahati sur les dangers de son texte?
C’est une idée à laquelle on a pensé et que l’on étudie encore. Cela peut être un moyen d’avancer. Mais il reste toujours un problème de risque de sécurité, d’être arrêté… Il y a aussi toujours ce discours des partisans du projet de loi qui consiste à dire qu’ils n’appellent pas à la mort des gays mais à la protection de la famille, des jeunes générations