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 d’ADHEOS

REVUE DE PRESSE. Une blogueuse du «Guardian» casse ce qui semble être un étrange mythe: la prison serait un paradis pour les homos. Cette scénariste américaine a correspondu avec un jeune prisonnier gay qui lui a raconté son calvaire.
 
Peut-on vraiment croire que la prison soit un «paradis gay»? En 1984, un procureur américain en était visiblement persuadé: au procès d’un homme jugé pour avoir tué son amant, il avait requis la peine de mort en expliquant que la détention à vie serait presque un cadeau pour un homosexuel. C’est en partant de ce présupposé, entretenu peut-être par l’apparence d’un monde viril, sans femmes, et donc forcément homo-érotique, que Sadhbh Walshe, réalisatrice et scénariste américaine de la série policière The district, a écrit un article publié dans les blogs du quotidien britannique, The Guardian. Sous le titre «Etre gay en prison, la sombre réalité» elle démonte ce qu’elle présente comme un mythe tenace.
 
L’auteure a correspondu avec un jeune homme gay, Rodney, qui lui a raconté sa vie derrière les barreaux. Condamné pour fraude à 23 ans, il n’a pas eu la chance d’être incarcéré dans le quartier réservé aux homosexuels parce qu’il n’était pas très «efféminé». Résultat, une semaine après son arrivée, il avait déjà subi trois agressions sexuelles. «J’ai enduré des tortures physiques, mentales et émotionnelles. Après avoir été violé, j’ai dû effectuer des actes sexuels sur demande. Je n’osais pas en parler parce qu’on m’avait clairement dit que ma vie serait en danger si je le faisais».
 
Virtuellement émasculé
Après quelques temps passés à être «la pute de la communauté», un de ses agresseurs a décidé de l’acheter pour $20. Celui-ci est alors devenu son «mari» et Rodney devait satisfaire ses moindres désirs sexuels, mais aussi nettoyer sa cellule, faire sa lessive et préparer ses repas. Une situation qui ne présentait qu’un avantage: le «protéger des autres prisonniers».
 
Rodney est passé de mari en mari au point d’avoir dû abandonner sa condition d’homme. Il a dû s’établir «une identité féminine, ne parler que lorsqu’on lui adressait la parole, apprendre à respecter son homme, et s’émasculer au point de ne plus uriner debout». Le jeune homme explique, «la vision que j’ai de moi-même et de ma sexualité a été altérée pour toujours».
 
Rodney n’est évidemment pas le seul à vivre ce calvaire. De nombreuses études effectuées par le Bureau des statistiques de la justice américaine montrent que les gays et transsexuels sont le groupe de prisonniers le plus souvent victimes d’agressions sexuelles. Peu de choses sont faites pour les protéger, mais l’organisation Just Detention International (JDI) a notamment travaillé avec l’office carcéral de Californie pour établir des quartiers spécialisés. Le JDI essaie d’étendre son action dans d’autres Etats américains.