Laurent, alias LX, est attendu ce samedi dans le village qu’il avait dû fuir.
Le peintre est la tête d’affiche d’un spectacle organisé pour en finir avec cette sale affaire.
Il y a tout juste un an, Laurent fuyait son village d’adoption, terrorisé par trois lettres anonymes souillées d’injures homophobes et de menaces de mort (lire article). LX, de son pseudonyme d’artiste, s’apprête à faire son grand retour à Lorgues, petite bourgade du centre Var. Ce samedi, il sera la tête d’affiche d’une soirée baptisée LX’ire. Un jeu de mots qui en dit long…
«Ce spectacle auquel je travaille depuis de longues semaines est un médicament pour moi», confie ce malade d’un cancer qui s’est aggravé l’an dernier. L’une des nombreuses conséquences des agissements du corbeau. «J’ai profondément été atteint. Très choqué. J’ai dû déménager, changer de vie», rapporte LX sans évoquer, par pudeur, sa dépression qui s’en est suivie. Alors un an après, même s’il a le sentiment de «cicatriser», il n’est «pas prêt à pardonner» à Louisa Ambert, une conseillère municipale de Lorgues, que le tribunal correctionnel a condamnée le 6 janvier à six mois de prison avec sursis et 2 000 euros d’amende et de dommages et intérêts (lire article): «Elle a fait appel. J’espère qu’elle sera plus sévèrement punie en deuxième instance parce qu’elle m’a fait très mal.»
Danseurs, chanteurs, comédiens
En attendant, cette soirée s’annonce comme une fête. «Un spectacle cabaret, très gai avec un "i", pas seulement homo», badine le peintre qui ouvrira l’événement avec le vernissage de l’exposition de ses dernières toiles, dont la violence contenue témoigne de la fébrilité de leur auteur ces derniers mois. Danseurs, chanteurs, comédiens, une vingtaine d’artistes se relaieront ensuite sur scène autour d’un fil rouge : la lutte contre toutes les discriminations. Liées aux orientations sexuelles, mais aussi aux handicaps, aux origines, aux physiques… Les bénéfices seront reversés à une association d’insertion. Même s’il n’est pas encore question pour Laurent de revenir vivre à Lorgues, cette soirée, voulue par le maire pour rétablir l’honneur du village, l’aidera «à tourner la page».