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 d’ADHEOS

MARIAGE GAY – Anticipant le premier anniversaire de l’adoption de la loi sur le mariage pour tous, Jean-Luc Romero estimait mardi 22 avril sur Twitter que "notre civilisation ne s’est pas effondrée malgré les prévisions alarmistes" de Christine Boutin, l’une des plus médiatiques figures de la lutte contre le mariage gay. Une pointe de malice à laquelle certains opposants à la loi Taubira ont répondu sur le réseau social, estimant pour l’un qu’une "civilisation est un paquebot qui ne coule pas en un jour", pour l’autre que "la souffrance des enfants ne se mesurera que dans quelques années".
 
Des échanges qui rappellent l’étrange climat qui régnait le 23 avril 2013 quand les députés ont voté la loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe. Et qui révèlent le fossé idéologique qui sépare encore pro et anti-mariage gay pour ces noces de coton.
 
Depuis la promulgation de la loi par François Hollande le 18 mai, des milliers de mariages gays ont été célébrés. 7000 en 2013 selon l’Institut national de la statistique (Insee), qui publiera de nouvelles données après l’été. Cela représente seulement 3% des 238.000 unions célébrées en France sur la même période.
 
Pendant que certain(e)s convolent en justes noces, d’autres "ne lâchent rien" et continuent à combattre un texte qu’ils qualifient de "révolution" institutionnelle et sociétale. La Manif pour tous continue de mobiliser à tout-va pour les élections européennes. Et tous les soirs ou presque, une poignée de militants "veilleurs" continuent de se retrouver dans le silence, droit comme un "i", devant le ministère de la justice à Paris.
 
Certes, la méthode "Manif pour tous" a largement inspiré d’autres mouvements et libéré la parole de groupes davantage habitués aux réunions d’appartement qu’aux manifestations de rues. Certes, le long débat qui a précédé le vote à l’Assemblée laisse de profondes divisions entre pro et anti-mariage gay. Mais l’ouverture du mariage aux couples de même sexe n’a cependant pas fait sauter le verrou de la boîte de Pandore.
 
Au cours du débat houleux d’il y a un an, nombreux sont les opposants au projet qui évoquèrent effectivement un "changement de civilisation". C’est de bonne guerre, la garde des Sceaux Christiane Taubira a elle-même prononcé l’expression "réforme de civilisation". Mais d’autres prédirent une longue déchéance pour "la France éternelle". Une route sans escale vers l’apocalypse entamée par le mariage gay et poursuivie par d’autres réformes sociétales que les manifestants croyaient amorcées (gestation pour autrui, enseignement de la théorie du genre, etc…).
 
Vent debout contre la loi Taubira, des parlementaires de l’UMP, de l’UDI et de l’extrême-droite avaient annoncé à l’Assemblée une France transformée en Las Vegas du mariage gay, le déferlement "d’enfants Playmobil", la "décadence de la société", l’avènement d’une "société orwélienne" avec des enfants vendus "en solde" et des "utérus artificiels". La nature parfois indigne de ces contre-propositions en disait long sur le contexte brûlant dans lequel le mariage pour tous a été soumis au vote des parlementaires.
 
Autant de prévisions catastrophistes dont la première application de la loi a démontré l’absurdité. Les termes "pères et mères" n’ont pas été rayés du code civil tout comme les termes "parent 1" et "parent 2" n’y ont jamais été inscrits. Comme n’ont cessé de le marteler les défenseurs de ce texte, la procréation médicalement assistée (PMA) reste aujourd’hui un privilège réservé aux couples hétérosexuels. Quant à la fameuse gestation pour autrui (GPA), elle demeure interdite pour tout le monde sur le sol français.
 
L’un des porte-parole de La Manif pour tous, Lionel Lumbroso, reconnaît d’ailleurs que "la loi Taubira n’a pas provoqué de bouleversement énorme effectivement". "Mais c’est l’idéologie qui la sous-tend que nous combattons", dit-il. "La question est pacifiée", se félicite de son côté Erwann Binet, député socialiste et rapporteur de la loi. Il a récemment rencontré des représentants de La Manif pour tous dans son département, en Isère, raconte Le JDD. "On a eu une discussion intéressante, totalement dépassionnée et on a promis de se revoir".