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 d’ADHEOS

 C’est en présence de plusieurs associations LGBT, dont l’Inter-LGBT, Contact, SOS homophobie et le Ravad que s’est tenue vendredi 8 février la réunion de Najat Vallaud-Belkacem avec des membres de l’entreprise de micro-blogging Twitter, Alexander Macgillivray, directeur des affaires juridiques et Del Harvey, directrice du département Confiance et sécurité. En décembre dernier, une déferlante de messages homophobes avait envahi la twittosphère avec des hashtags comme #SiMonFilsEstGay ou #TesUnPd. Des associations s’étaient alors adressées à Najat Vallaud-Belkacem pour lui demander de lutter contre ses propos intolérables écrits en tout impunité sur le réseau social.
 
LES ASSOCIATIONS LGBT COMME INTERLOCUTEURS PRIVILÉGIÉS
Du côté du ministère, cette réunion est un premier pas vers une action concrète du gouvernement, notamment avec les ministères de l’Intérieur, de la Justice et de l’Économie numérique. «Certains points sont à parfaire, mais on est globalement très satisfait», explique à Yagg le conseiller presse du ministère des Droits des femmes, Maxime Ruszniewski-Bryner. «Le but est de faire que les associations deviennent des interlocuteurs privilégiés, notamment dans les signalements de tweets racistes ou homophobes, et pour avertir les utilisateurs-trices de Twitter.» En effet, les associations pourraient désormais être identifiées et avoir un statut particulier leur permettant d’envoyer des messages de rappel à la loi dès lors qu’un message d’incitation à la haine est posté. Ces messages seraient alors prioritaires et resteraient en tête de page. «Najat Vallaud-Belkacem a été très ferme, agir contre la création et la diffusion de ces tweets n’est pas une option pour Twitter, même si les législations américaine et française ne sont pas les mêmes.» Hasard du calendrier, cette réunion avait lieu quasiment simultanément avec l’adoption par le Sénat de la proposition de loi sur l’allongement des délais de prescription concernant les propos homophobes, sexistes et handiphobes.
 
BILAN EN DEMI-TEINTE POUR LES ASSOCIATIONS
Pour les associations présentes, l’enthousiasme est un peu moins de mise. «On est satisfait de cette première prise de contact mais on est un peu frustrés parce qu’on a l’impression qu’ils se reposent un peu sur nous. On attend de voir si ça va être efficace», a déclaré à l’AFP Mathieu Nocent de l’Inter-LGBT. Elle aussi présente à cette réunion, le présidente d’SOS homophobie Élisabeth Ronzier revient pour Yagg sur les mesures présentées par les représentant-e-s de Twitter. «On est déjà très content que Twitter ait fait la démarche de participer à cette réunion, ça a permis de faire prendre conscience qu’il faut améliorer et rendre plus visible les procédures de signalement qui existe déjà sur Twitter. Il y a vraiment un problème de communication à ce sujet.» Élisabeth Ronzier fait tout de même part de plusieurs déceptions: «Nous n’avons pas eu de réponses au sujet des délais de traitement des signalements. Twitter insiste pour passer derrière mais ça rallonge considérablement le processus.»
 
44 TWEETS SUPPRIMÉS
Quid de l’identification des auteurs de tweets racistes ou homophobes? «Cela a été évoqué rapidement. En soit, Twitter n’est pas contre, mais ils ne sont pas d’accord avec l’UEJF», explique Élisabeth Ronzier. En effet, l’Union des Étudiants Juifs de France a mené dernièrement une action en justice contre Twitter, pour la mise en place d’un dispositif plus accessible permettant le signalement de tweets discriminants, mais aussi pour l’identification des personnes qui ont créé ces tweets. Fin janvier, la justice s’est finalement prononcée en faveur de l’association étudiante. Si elle désapprouve la méthode, que propose alors l’entreprise? «En réalité, ils savent ce qu’ils ne veulent pas, mais ça reste très flou quand on leur demande ce qu’ils voudraient réellement mettre en place», souligne Élisabeth Ronzier. «On nous a aussi dit qu’une procédure de suppression des tweets existe déjà et qu’en 2012 elle a permis la suppression de… 44 tweets. C’est ridicule, à SOS homophobie nous avons des classeurs entiers de tweets homophobes qu’on se ferait un plaisir de leur amener pour les traiter.» Si cette réunion a permis à Twitter de proposer des actions pour lutter contre les tweets discriminants sur son réseau social, elle a aussi permis de voir quelles améliorations pourraient être apportées aux mesures déjà existantes mais peu visibles, ou manquant cruellement d’efficacité.