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 d’ADHEOS

Sous couvert d’action caritative, plusieurs organismes religieux qui promeuvent la «conversion» des personnes homosexuelles sont exonérés d’impôts par les autorités suisses.
 
Weisse Kreuz et Campus für Christus ont récemment fait l’objet de mises en garde de l’Etat allemand et d’un observatoire des liens entre les églises et l’extrême droite dans ce même pays. En cause: leur propagande pour de prétendues thérapies de «conversion» visant les gays et lesbiennes et leurs offres de prise en charge «thérapeutique». Via son site, Campus für Christus parle de l’homosexualité comme d’une «caricature de l’amour» et associe étroitement pédophilie, abus sexuels et homosexualité. Quant à Weisse Kreuz, elle a récemment organisé un congrès réunissant des thérapeutes de la mouvance ex-gay à Kassel (All).
 
Outre-Rhin comme dans les pays anglosaxons, les dégâts psychologiques provoqués par ces traitements sont dénoncés de plus en plus en plus vigoureusement. Il n’en va pas de même en Suisse, note «Schweiz am Sonntag». Selon le journal dominical, ces organismes ont même décroché le statut d’organisation à but non lucratif, très avantageux d’un point de vue fiscal. Elles ne paient pas d’impôts et les fidèles peuvent déduire les dons de leur déclaration.
 
Bienfaisance
 
D’autres officines sont dans le même cas. Christlich Therapeutische Lebensberatung, à Berne, professe la guérison de l’homosexualité de manière à peine plus feutrée. Ce qui ne l’a pas empêchée d’être reconnue comme organisation de bienfaisance. Jürg Scherrer, membre de son comité, nie vouloir changer l’orientation sexuelle des personnes qu’il reçoit. Il ne fait que travailler avec celles et ceux «qui vivent leurs désirs comme une souffrance», justifie-t-il. Les guérisseurs de gays se cacheraient aussi dans les multiples groupes, comme Lovewins ou Jeunesse en mission (JEM), qui gravitent autour de l’International Christian Fellowship (ICF), une église évangélique charismatique basée à Zurich. Cette dernière est exonérée d’impôts dans plusieurs cantons alémaniques.
 
La reconnaissance du caractère non lucratif d’une organisation est décidée au niveau cantonal sur la base d’objectifs perçus comme altruistes. Or les motivations de cette décision administrative sont opaques, relève «Schweiz am Sonntag». Les autorités compétentes, au niveau cantonal, déclinent tout commentaire sur des cas individuels et se retranchent derrière le secret fiscal. Une situation qui préoccupe le conseiller national Hans-Peter Portmann (PLR): «L’Etat ne devrait pas être privilégier des pratiques non compatibles avec les principes et les valeurs de notre Constitution.» Directeur de l’association nationale gay Pink Cross, Bastian Baumann abonde: «Les autorités ne doivent pas soutenir des groupes ou des organisations qui ne se distancient pas clairement de ces attitudes discriminatoires.»