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 d’ADHEOS

Mustapha Meziani avait 31 ans. Cet étudiant marocain, emprisonné après une bagarre mortelle sur un campus, est mort dans la nuit de mercredi à jeudi à l’hôpital de Fès, au Maroc, après plus de deux mois de grève de la faim. Il revendiquait un droit banal : celui de poursuivre des études.
 
Cette mort tragique en rappelle d’autres, au Maroc même, montrant à quel point certains comportements ont la vie dure. Au début des années 80, j’avais couvert pour Libération la mort de deux prisonniers politiques d’extrême gauche en grève de la faim à Marrakech. Ils s’étaient heurtés au mur intraitable du pouvoir d’Hassan II.
 
C’était au lendemain de la mort, en Irlande du Nord, de Bobby Sands, le militant de l’IRA, que Margaret Thatcher avait laissé mourir d’une longue grève de la faim. Tout le monde se souvient de Bobby Sands, mais qui se souvient de ces jeunes Marocains morts pour avoir osé revendiquer un statut de prisonnier politique, eux qui étaient détenus pour s’être opposés au Roi Hassan II sur le Sahara ?
 
Plus de trente ans plus tard, sous le règne de son successeur Mohamed VI, le même processus conduit de nouveau à une issue fatale.
 
Le droit à poursuivre des études
 
Mustapha Meziani appartenait à l’Union nationale des étudiants marocains, une organisation de gauche, et il avait été arrêté après des affrontements entre étudiants de gauche et islamistes sur le campus de Fès en avril dernier, faisant un mort. Le parquet estimait qu’il y avait eu « préméditation » dans la mort de l’étudiant.
 
Il réclamait le « droit à poursuivre des études » malgré son emprisonnement et son exclusion de l’université, et était soutenu par plusieurs organisations de défense des droits de l’homme. Faute d’être entendu, il a entamé une grève de la faim en prison, qui s’est tragiquement conclue par sa mort au bout de 72 jours. Pour rappel : Bobby Sands a succombé après 66 jours.
 
Mourir pour pouvoir étudier ? Le gouvernement d’Abdelilah Benkirane est resté sourd aux appels à négocier, se contentant de l’hospitaliser.
 
Selon les autorités marocaines, il avait été transféré le 4 août au CHU de Fès « dans un état comateux, suite à des complications générales », après 60 jours de grève de la faim.
 
Visage émacié, attaché au lit
 
L’association marocaine des droits de l’homme (AMDH) estime que l’Etat et le gouvernement devraient assumer la responsabilité de cette mort.
 
Une photo de Mustapha Meziani, le visage émacié et attaché à son lit, a circulé sur les réseaux sociaux marocains ces dernières semaines, et les autorités ont détenu le père du jeune homme et l’un de ses amis qui voulaient faire une grève de la faim par solidarité.
 
Le jeune homme a été enterré vendredi, accompagné par sa famille et ses amis politiques, et un sit-in de protestation est organisé lundi devant le ministère marocain de la Justice, à Rabat.