NEWS
Les actualités
 d’ADHEOS

Pour son premier film, le réalisateur James Sweeney explore dans Straight Up le parcours pas si évident de Todd, un vingtenaire que tout le monde pense gay et qui, contre toute attente, tombe amoureux d’une femme. Enfin, c’est plus compliqué que ça…

Le dating, c’est sympa, mais ça peut aussi s’avérer un parcours d’obstacles. Ça l’est en tout cas pour le héros de Straight Up, le premier film du jeune réalisateur James Sweeney, qui débarque au cinéma ce mercredi 26 octobre. Le cinéaste y prête lui-même ses traits à Todd, un jeune homme névrosé et anxieux qui galère à définir son orientation sexuelle. Bien que ses potes le perçoivent comme homo refoulé, lui n’en est pas si sûr, surtout après sa rencontre avec Rory…

Incarnée par Katie Findlay – qu’on a aperçue dans des séries comme The Carrie Diaries, le préquel de Sex and the City, ou How to Get Away with Murder –, Rory bosse dans une bibliothèque municipale tout en prenant des cours de théâtre pour devenir actrice. Par le plus grand des hasards, Todd noue un lien très fort avec elle. Tout semble simple, évident. Des sentiments naissent. Mais est-ce bien de l’amour ? Romantique ou platonique ? Si les deux s’essaient à une relation de couple, la nature de leur rapprochement est source de questionnements.

Gay or not gay…

“J’ai conçu ce film à la fois comme un hommage et une déconstruction du genre de la comédie romantique, détaille le réalisateur. On y explore une relation non-conventionnelle où sont décortiquées toutes les notions romantiques qu’on nous a apprises et qui ont forgé notre définition de l’amour et ce qu’il devrait être.” En surface, le film reprend les étapes incontournables du genre – comme le “meet-cute”, soit la première rencontre fortuite et attendrissante, ou le “grand gesture”, c’est-à-dire le grand geste romantique qui arrive en général à la fin. Mais grâce à des personnages nuancés et des dialogues futés, ces réflexes narratifs sont interrogés et donc repensés à l’aune d’une génération plus fluide.

James Sweeney explique avoir rencontré des difficultés pour financer Straight Up : “C’est dur pour chaque primo-réalisateur car c’est un risque pour les boîtes de production. On a dû demander beaucoup de faveurs… Il m’aura fallu six ans pour le produire à partir du moment où j’avais fini d’écrire la première version du scénario.” Malgré un budget restreint, le film consolide de vrais choix esthétiques calibrés pour les “millennials”. Mais sa force réside surtout dans ses répliques.

L’amour au temps de la fluidité

Bien que le réalisateur cite Ang Lee, Steven Soderbergh ou encore Noah Baumbach parmi ses références cinématographiques, c’est à la série Gilmore Girls que l’on pense en découvrant Straight Up. Tout comme la créatrice de celle-ci, Amy Sherman-Palladino, James Sweeney cisèle des dialogues mesurés et dynamiques, échangés à un rythme de ping-pong. Ce qui confère une nervosité à la narration, entre comédie et drame. Comme influences, Sweeney mentionne (500) jours ensemble et Happiness Therapy“car ils ont réussi à parler de santé mentale tout en étant très, très drôles”.

L’humour de Straight Up fonctionne grâce à son tandem central mais aussi à sa galerie de personnages secondaires dont plusieurs sont LGBTQI+. Même si le film se focalise en apparence sur une relation hétérosexuelle, son intrigue va beaucoup plus loin et défriche l’idée d’homosexualité et d’éventuelles pressions relatives au milieu gay. Malgré son titre – “straight” signifie “hétéro” –, son contenu demeure très queer.

Avec Straight Up, James Sweeney croise les doigts pour que son public interroge à son tour la notion de couple et les rouages du dating en 2022 : “On entretient cette idée que notre âme sœur est cette personne censée nous compléter à tous les niveaux, que ce soit émotionnel ou intellectuel. Je ne pense pas que ce soit réaliste d’attendre d’une seule personne qu’elle coche toutes ces cases. C’est trop de pression. Aujourd’hui, sur les applis de rencontres, il y a cette idée qu’il ne faut pas faire de compromis. C’est tout ou rien.” Avec sa fin (que l’on ne dévoilera pas), le film propose une alternative à ce biais de société. Et prouve, en dépit de mécanismes scénaristiques codifiés, que la comédie romantique peut dans ce cadre être réinventée.