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 d’ADHEOS

L’intolérance a de beaux jours devant elle. L’histoire de Jimena Rico (28 ans) et de Shaza Ismail (21 ans) a été largement relayée par les médias espagnols cette semaine, tant elle est accablante.
 
Ces deux jeunes filles, de nationalités respectivement espagnole et égyptienne, ont en commun une histoire d’amour qui dure depuis plusieurs années. Le 14 avril, selon le témoignage qu’elles ont accordé à la BBC, les deux jeunes filles ont entrepris un long voyage en avion depuis leurs domiciles de Londres jusqu’à Dubaï, afin d’y rendre visite au père de Shaza Ismail qui leur avait dit que son épouse se trouvait à l’hôpital, très malade.​
 
« Mais c’était un piège », raconte Jimena Rica. « Il nous a menacées de nous tuer et a dit que nous pourrions aller en prison pour être lesbiennes ». Arrivée à la maison, Shaza Ismail a été enfermée par sa famille dans une pièce à laquelle Jimena Rica ne pouvait accéder. Dans des circonstances qui demeurent floues, les deux jeunes filles ont pourtant réussi à s’échapper et à rejoindre l’aéroport où elles ont pris un vol pour Tbilisi, en Géorgie.

Les geôles turques
 
Mais le fait d’avoir mis 3.200 kilomètres entre elles et la famille de Shaza n’a pas été gage de sécurité puisqu’avant de réussir à monter dans un avion pour Londres, le père de la jeune fille est apparu dans l’aéroport. Il semblerait qu’il ait appris leur destination grâce à un voisin qui avait vu les jeunes femmes s’enfuir et qu’il les ait poursuivies.
 
Selon Jimena, une violente altercation a éclaté dans le hall de l’aéroport, au terme de laquelle le père de son amie a confisqué les papiers égyptiens de sa fille ainsi que son visa. Sans documents, Shaza Ismail a donc été conduite par les autorités géorgiennes à la frontière turque, accompagnée par son amie espagnole qui a refusé tout net de l’abandonner.
 
A ce stade, Jimena Rico n’a plus été en mesure de communiquer avec sa famille en Espagne et le ministère des Affaires Etrangères espagnol a donc été averti de la situation des jeunes filles en Turquie. Le ministre a déclaré dans un communiqué que le couple avait été arrêté à Samsun, dans le nord de la Turquie, et « apparemment accusé d’avoir des liens avec le terrorisme ». Emmenées à Istanbul et enfermées dans les geôles truques, Jimena et Shaza ont dû signer des papiers qu’elles ne savaient pas traduire.
 
« Ils m’ont dit que je pouvais partir mais que Shaza devait rester »
 
Après trois jours passés en prison, le ministre des Affaires étrangères espagnoles a négocié pour assurer leur libération et leur retour en Espagne, où la famille de Jimena Rio les a accueillies.
 
« Je pensais que nous ne sortirions pas [de prison], raconte la jeune espagnole. Ils [les autorités turques] m’ont dit que je pouvais partir mais que Shaza devait rester, et j’ai dit que je ne partais pas sans elle.»
 
La version du père, recueillie par la chaîne espagnole Antena 3, diffère quelque peu. « Elle [Shaza] a dit qu’elle voulait rester à Londres et je lui ai demandé de venir à la maison et de parler du fait qu’elle était lesbienne car elle nous l’avait dit via texto. Elle est sortie du placard comme ça, en envoyant à sa mère un texto », a-t-il ainsi raconté. Nul mot sur les déclarations de sa fille concernant sa séquestration à la maison.
 
Quant à l’altercation dans l’aéroport de Tbilisi, le père nie avoir confisqué les papiers de Shaza et affirme que le seul document qu’il ait jamais pris est un morceau d’un vieux passeport de sa fille. Selon le droit International, il encourt une peine de prison pour la séquestration de sa fille majeure et la confiscation non justifiée de ses papiers d’identité.
 
Jimena Rico tenait vraiment à raconter leur histoire « car, dit-elle, je pense que cela pourrait aider beaucoup de gens qui vivent réprimés en raison de leur homosexualité ». Elle espère un jour épouser Shaza Ismail.