Un district scolaire de Saint-Pétersbourg (Russie) a chargé ses enseignants de passer les réseaux sociaux de leur classe au peigne fin et de constituer des «dossiers» sur les enfants qui y diffuseraient des messages pro-LGBT.
Sept ans après sa promulgation, la loi contre la propagande homosexuelle (officiellement, la loi de «protection des enfants contre les informations qui favorisent le déni des valeurs traditionnelles de la famille») continue d’empoisonner la vie des Russes, y compris des plus jeunes. Ainsi l’ONG locale Russian LGBT Network a-t-elle appris que depuis ce printemps, les enseignants d’un district scolaire de Saint-Pétersbourg ont pour instruction de surveiller l’activité de leurs élèves (des degrés 5 à 11, c’est-à-dire âgés de 10 à 15 ans) sur les réseaux sociaux. L’objectif avoué est de détecter la présence de symboles de «propagande LGBT» dans leurs publications.
Le cas échéant, les profs sont «invités à rédiger un dossier individuel avec une description des contenus découverts, ainsi que l’adresse de résidence de l’élève et les caractéristiques de l’enfant». Le tout est à transmettre au Ministère de l’intérieur, explique l’association, qui a eu accès à des captures d’écran de messages reçus par le corps enseignant.
nterpellée par Russian LGBT Network, la direction du district scolaire de Nevsky assume la démarche. Cette «observation» serait menée dans le cadre d’un effort de «protection» des élèves, sous la houlette de la Convention de l’ONU pour les droits de l’enfant. Cependant, elle laisse clairement entendre que des élèves eux-mêmes pourraient être poursuivis.
Mesure «illégale»
Russian LGBT Network dénonce le caractère illégal de ce flicage, totalement étranger au cahier des charges des enseignants. L’association s’inquiète des conséquences de ces mesures pour les jeunes. «Il est inacceptable que le fait de partager un drapeau arc-en-ciel soit équivalent à une infraction punissable légalement», a réagi Svetlana Zakharova, porte-parole de l’ONG.
Ce n’est pas la première fois en Russie que des profs sont chargés de débusquer la «propagande homosexuelle» sur les réseaux sociaux de leurs élèves. En septembre 2019, il a été révélé que les étudiants d’une université d’Ekatarinbourg étaient suivis de la sorte pour traquer d’éventuels délits, mais également pour «évaluer leur moralité», rappelle le «Moscow Times».
- SOURCE 360CH