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 d’ADHEOS

Fini les bisous, on lance des Flambys. Hier soir, plus de 400 militants se sont réunis rue de Solférino pour rappeler au président ses engagements pour le mariage des homos.
 
Le réveil militant. Vincent Peillon, le ministre de l’Education, disait hier aux «progressistes» de se «mobiliser au lieu de couiner». Hier en fin d’après-midi, devant le siège du PS parisien, les couinements résonnaient fort. Les «pédés gouines en colère» s’étaient rassemblés pour dénoncer la «liberté de conscience» proposée par le président de la République aux maires de France, qui pourrait leur permettre de refuser de marier un couple de même sexe. Pour les LGBT, c’en est trop: «Nous ne sommes pas un cas de conscience!»
 
«Il cautionne l’homophobie»
Sur des affiches, les slogans sont loin du sage «égalité, maintenant». Les messages du collectif nantais DurEs à Queer surplombent les plus de 400 personnes qui bloquent la rue Solférino. «François, tu perds les pédales!», «Les homophobes nous lynchent, François Hollande nous lâche», le président du changement a déçu. «Nous sommes tous là parce que nous nous sommes sentis insultés par les propos qu’il a tenu au congrès des maires, explique Tom, militant depuis la loi du pacs. D’une certaine façon, il cautionne l’homophobie des rassemblements du week-end».
 
Et tant pis si, depuis, François Hollande a regretté d’avoir utilisé le terme de «liberté de conscience» et réaffirmé sa volonté de faire passer la loi (lire article). Pour Frédéric Navarro, coprésident d’Act Up-Paris, «Ce qui a été dit ne peut pas être complètement retiré. Cela montre au minimum un manque de fermeté, et face à la mobilisation homophobe en ce moment ce n’est pas tolérable.»
 
«Qui a voté pour vous?»
Certains arborent encore le badge arc-en-ciel de l’engagement 31, pour rappeler au Président que certaines promesses ne s’oublient pas, et reprennent à l’unisson «François, François, c’est toi la tapette!» ou même «Vendu! Pourri! Tu nous a menti!» Pour Colombe, ça ne fait pas de doute: «10% des gens qui ont voté pour lui l’ont fait pour le mariage». Les militants d’Act Up-Paris confirment: «Hollande/PS: qui a voté pour vous?» peut-on lire sur les pancartes. Les LGBT ont le vote amer, la «trahison socialiste» est dans toutes les bouches. On scande «Moi, Président, je renierai mes engagements», certains lancent des Flambys dans la cour de Solférino.
 
Le trottoir déborde, toute la rue est bloquée par les CRS. L’organisateur rappelle qu’il n’y a aucune autorisation préfectorale, et que même si les policiers sont tolérants, la colère ferait mieux de s’exprimer sur le trottoir. «Et ma liberté de conscience?» lui rétorquent les participants.

Au moindre mot de travers, on sera là»
Ce soir, en tout cas, plus de bisous en guise de symbole. «On n’en est plus à montrer que l’on s’aime, ce soir on est là pour montrer que l’on est prêt à se battre.». Colombe n’est «pas super militante», mais elle en a marre d’être prise pour une «sous-citoyenne». C’est aussi le cas de Daniel, qui a contribué à envoyer 20.000 invitations sur Facebook. «La question du mariage m’intéressait assez peu, mais avec ce que j’entends, je ne pouvais pas rester chez moi à ne rien faire.» Trentenaire, il est à l’image de Colombe, et de leurs camarades de lutte: jeune.
 
Une nouvelle génération de LGBT que les propos virulents et homophobes des anti-mariage ont convaincu: «Je ne me serais pas mobilisée si autant de voix, notamment religieuses, ne s’étaient pas levées contre le mariage pour tous dans notre république laïque» explique la jeune femme. Dans un discours puissant, Nicolas Martin (ci-dessous), l’organisateur du coup de gueule, menace: «On est là pour rappeler qu’au moindre mot de travers, on sera là. On veut transmettre le niveau de violence qu’on encaisse tous les jours depuis le début du débat, cette homophobie ordinaire insupportable de douleur.» «Plus jamais ça!» applaudissent en chœur les participants. «Homophobes, c’est la guerre, trans pédés gouines en colère!»