Le parlement a étudié le texte en seconde lecture fin septembre, provoquant l’inquiétude d’une ONG locale de défense des droits sexuels
Le mariage des homosexuels est de nouveau sur les pupitres du Parlement du Nigeria. Les parlementaires ont étudié en première lecture, courant juillet, puis deuxième lecture, fin septembre, un texte visant l’interdiction du mariage des gays et lesbiennes, annonce The Vanguard. Selon ce quotidien local, le «Bill for an act to prohibition marriage between persons of same sex» est sponsorisé par le sénateur du district d’Edo North (Sud), Domingo Alaba Obend. Il serait soutenu par au moins 25 confrères – soit environ le quart des élus de la chambre haute – qui jugent l’homosexualité criminelle.
«Pratique inacceptable»
«Légaliser le mariage entre personnes de même sexe sera moralement et idéologiquement infondé si d’autres intuitions auxquelles nous avons traditionnellement renoncé comme l’inceste restent illégales, a déclaré Domingo Alaba Obend. La plupart des Nigérians devraient soutenir que l’inceste est une pratique inacceptable socialement, ils devraient aussi rejeter le mariage entre personnes de même sexe.»
L’annonce du projet de loi a suscité des craintes chez la Coalition pour la défense des droits sexuels (Coalition for the defence of sexual rights), qui s’est déclarée dans un communiqué «choquée et profondément inquiète» rappelant que «des projets de loi similaires» avaient déjà été présentés en 2006 et 2008. Elle précise par ailleurs que les «complices» d’un mariage entre gays ou lesbiennes risquent cinq ans de prison, «Cette mesure vise clairement les activités des défenseurs des droits de l’homme qui ont pour mandat, sans restriction, de défendre les droits des personnes peu importe leur orientation sexuelle et leur identité ou expression de genre», a déploré l’ONG, appelant le sénat à «ne pas tenir compte de ce projet de loi inquiétant et à envisager de se pencher à la place sur des législation vitales».
Charia
L’homosexualité est passible de prison dans les Etats du Sud, chrétiens, et de la peine de mort dans ceux du Nord, musulmans et appliquant la charia. «Les homosexuels sont arrêtés et harcelés au Nigeria, explique à TÊTU Damian Ugwu, directeur exécutif, l’Initiative de plaidoyer pour la justice sociale (Social Justice Advocacy Initiative, SJAI). Il y a plusieurs exemples récents où la police a fait défiler des hommes accusés d’homosexualité devant la presse.»
«Il existe peu de différence de traitement des LGBT entre le Nord et le Sud», affirme le militant qui prédisait fin août que les parlementaires «pourraient ne pas résister à la tentation de réintroduire le projet de loi», notamment pour faire oublier «la corruption endémique qui se répand au parlement» . Il conclut que chrétiens et musulmans «sont très unis dans leur haine pour l’homosexualité et font tout ce qui est possible pour punir les homosexuels. Cependant, dans le Nord du Nigeria, la persécution des LGBT est plus visible à cause de la hisba, la police religieuse en charge de faire appliquer la charia».