NEWS
Les actualités
 d’ADHEOS

Hedi Sahly, vice président de l’association "Shams" pour la dépénalisation de l’homosexualité a affirmé avoir quitté le pays suite à des menaces de mort. Dès sa création, l’association "Shams" fait polémique quant à sa légalisation suite aux contestations d’une autorisation jugée notamment "dangereuse" pour "la paix sociale", par un ancien ministre et député Ennahdha.
 
Les membres de l’association sont apparus dans les médias afin de revendiquer ouvertement l’abrogation de l’article 230 criminalisant l’homosexualité. Une médiatisation qui leur a valu d’être reconnus et menacés.
 
Contacté par le HuffPost Tunisie, Hedi Sahly nous explique les raisons de son départ.
 
HuffPost Tunisie: Pourquoi avez-vous quitté le pays?
 
Hedi Sahly: Ce n’est pas la première fois que je reçois des menaces de mort et je ne suis pas le seul mais cette fois-ci le danger était tel que j’ai été sommé par ma famille de quitter le pays à la hâte. Mon oncle travaillant au ministère de l’Intérieur m’a informé que mon nom figurait dans un rapport contenant le nom de personnes menacées en Tunisie. Je n’ai été informé par aucune source officielle du ministère mais par des circuits officieux.
 
Malheureusement le ministère de l’Intérieur, que nous informons régulièrement des menaces qui pèsent sur nous, ne semble pas prendre les choses au sérieux. Ils disent que la situation est sous contrôle tout en nous demandant de faire attention. J’ai demandé une protection personnelle de la part du ministère de l’Intérieur mais elle a été rejetée. Ils m’ont dit qu’ils ne pouvaient pas fournir une protection rapprochée à toutes les personnes menacées.
 
Avant moi, Bouhdid Belhadi, porte-parole de "Shams", a reçu des menaces. On a appelé à sa mort lors d’un prêche du vendredi dans une mosquée à Hammamet, sa ville natale au vu et au su des policiers. On le cherchait chez lui et dans la ville. On a été obligé de le cacher et il a dû abandonner ses études à la faculté. Face à ces menaces, le poste de police de Gorjani l’a appelé pour lui dire qu’il devrait se faire discret sans prendre les mesures nécessaires pour le protéger.
 
Ahmed Ben Amor, un des membre fondateurs de l’association, reçoit également quotidiennement des menaces. Tabassé, malmené par des inconnus dans la rue, on le harcèle ou le violente gratuitement. Pire encore, quand il est allé porter plainte, il a été traité de tous les noms par les policiers.
 
Avez-vous déposé un dossier en vue d’un droit d’asile en France?
 
Je suis en train de faire les démarches nécessaires pour obtenir un droit d’asile. Ça ne sera pas forcément en France mais dans n’importe quel pays où je me sentirais en sécurité et où je pourrais terminer mes études.
 
Vous ne militerez plus au sein de votre association?
 
Je le ferai autrement. On a fait des erreurs au niveau de la communication mais nous agissons dans un climat hostile. A la faculté, les propos ouvertement homophobes et assumés de l’Union générale tunisienne des étudiants (UGTE), syndicat étudiant à tendance islamiste, grondent contre les étudiants et militants LGBT. On harcèle mon père pour qu’il m’oblige à arrêter de défendre les "pédés" comme ils disent. Mon frère qui est au collège ne veut plus aller étudier car les élèves se moquent de lui.
 
J’ai été dupe en croyant qu’on était désormais libre, qu’on vivait dans une démocratie, qu’il n’y avait plus de place pour la peur. Même les partis politiques et les associations qui se disent progressistes nous ont lâchés. Les pratiques policières agressives à notre encontre continuent dans l’impunité. La Tunisie libre est une chimère.