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 d’ADHEOS

L’affaire, visiblement, agace Daniel Ragot, le directeur de l’établissement Sainte-Marie de Chavagnes, à Cannes. Interrogé sur la prestation d’un prêtre contre « le mariage pour tous », en lieu et place d’un cours d’Education civique juridique et sociale, en classe de seconde fin novembre 2012, le responsable catholique nie tout « incident ». Et renvoie promptement sur le directeur diocésain de Nice.
 
Ce dernier est, lui, parfaitement au courant de « l’animation » dénoncée par des parents d’élèves, choqués « que l’Eglise se serve d’un établissement privé sous contrat avec l’Etat pour faire la publicité de ses idées ». « Cela se serait passé hors du temps scolaire, je n’y aurais vu aucun problème », assure Laurence Duarte, dont la fille, scolarisée dans cet établissement depuis la 6ème l’a alertée. « Le prêtre a cherché par tous les moyens à nous convaincre que le mariage homosexuel n’était pas possible et était une très mauvaise chose », indique la jeune fille.
 
Gêne
 
De son côté, Philippe Panarello, le directeur diocésain, ne voit pas « où est le problème ». « Les interventions de témoins extérieurs sont fréquentes en cours d’ECJS », assure-t-il. « Le prêtre qui est intervenu est en charge de la pastorale familiale dans le diocèse et n’est pas connu pour ses positions extrémistes ou homophobes. Il a juste donné le point de vue de l’Eglise ». « L’établissement a prévu de faire appel à un autre intervenant pour apporter un avis contradictoire », assure aujourd’hui le directeur diocésain, sans plus de précisions sur la qualité du témoin en question ou la date de son intervention.
 
Il assure en tout cas que cet engagement a convaincu le rectorat, qui, alerté par Mme Duarte, a « enquêté sur les conditions de ce cours ». Au rectorat de Nice, on reconnait en effet qu’à ce stade, « rien ne permet de penser qu’il y a eu une rupture des engagements contractuels de l’établissement ». Pour autant, des interrogations, pour ne pas dire une gêne, persistent au rectorat sur « l’opportunité d’organiser des débats de cette nature avec un seul intervenant, sans débat contradictoire ». Face à la tournure politique et polémique de ce sujet d’actualité, l’administration a « plutôt tendance à déconseiller aux établissements, publics ou privés, la tenue de débats sur le "mariage pour tous" » et, dans ce cas précis, s’efforce de calmer le jeu.
 
Ambiguïtés
 
Cette affaire, survenue quelques jours avant l’envoi de la lettre du secrétaire général de l’enseignement catholique incitant les établissements à organiser des discussions sur le « mariage pour tous » et quelques semaines avant la polémique qui s’en est suivie avec le ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon, illustre parfaitement les ambiguïtés réelles ou entretenues sur le « caractère propre » des établissements privés sous contrat avec l’Etat, statut qui les autorise, hors temps scolaire, à se référer à leurs convictions religieuses ou philosophiques.
 
En attendant, et quelques jours avant la manifestation nationale organisée par les opposants au « mariage pour tous », les 90 élèves des trois classes de seconde de l’Institut Sainte-Marie de Chavagnes n’ont toujours eu qu’un son de cloche.
 
Ulcérés par l’attitude des responsables de l’établissement qui leur a rappelé que s’ils n’adhéraient plus aux « caractéristiques de leur contrat éducatif » ils pouvaient le quitter, les Duarte ont inscrit leurs deux enfants dans un autre établissement.