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 d’ADHEOS

Le 28 décembre dernier, Éric de Labarre a adressé une lettre aux 8.500 chefs des établissements catholiques les invitant à proposer un débat sur le mariage pour tous dans les classes. Qu’en pensent les principaux concernés ? Philippe Szykulla, enseignant dans un établissement privé catholique nous livre sa réaction. 
 
L’enseignement catholique, par l’intermédiaire de son secrétaire général Éric de Labarre, appelle à un débat dans les classes de tous les établissements sous sa tutelle.  
 
À la bonne heure, voilà une initiative on ne peut plus partiale et apparemment irresponsable puisqu’elle présente sa propre logique au service exclusif de la stratégie de visibilité de l’enseignement catholique.  
 
Se faire des acteurs de l’enseignement catholique des alliés passifs  
 
Le lieu choisi pour organiser la résistance aux projets de législation sur les unions homosexuelles est à nouveau, aux yeux de l’enseignement catholique, un doux mélange des genres qui fait fi de l’appartenance des établissements sous contrat avec l’État et qui fait fi du droit absolu de respect de la liberté de conscience, ne serait-ce que celle des enseignants, agents publics.  
 
De plus, la circulaire adressée aux chefs d’établissement prend en otage les familles qui pourraient être taxées de collaboration passive en laissant leurs enfants dans un système dont elles ne cautionnent pas systématiquement le comportement.  
 
Pour terminer ce premier constat, que dire des enfants auxquels il est proposé de débattre de sujets qui sont le prolongement de ce que pense, individuellement et différemment, chaque famille ? Comment cadrer une discussion collective à moins de la rendre directive, dans un sens ou l’autre, de la part de l’enseignant ?  
 
 Des arguments faciles…
 
Pour Monsieur de Labarre il est tout de même facile de se saisir d’arguments qui lui donnent l’autorité d’un positionnement.  
 
La norme, dans son esprit, est bien le mariage hétérosexuel, institué par la société pour protéger la procréation par un cadre qui assure la protection du statut d’enfant. Toute autre pratique sexuelle est-elle minoritaire donc marginale, mathématiquement parlant ?  
 
En 2010, dans un texte promulgué par la Commission permanente de l’enseignement catholique sur l’Éducation affective, relationnelle et sexuelle dans les établissements catholiques d’enseignement, il était mentionné l’habilitation du Clerc à intervenir dans ce domaine.
 
Cette association affirme en substance que l’homosexualité, si elle s’avère réelle, n’est pas un obstacle dans la recherche d’un équilibre personnel satisfaisant. En donnant son habilitation, l’enseignement catholique accordait son assentiment.  
 
Qu’Éric de Labarre s’en souvienne, ça ne serait que le strict minimum pour ne pas s’enfermer dans une contradiction dangereuse. Donc il n’est point, ici, objet de rejet de la sexualité différente mais de la volonté de préserver un modèle religieux qui ne regarde que celles et ceux qui le pratiquent.  
 
Lorsqu’on se penche, par ailleurs, sur l’organisation religieuse du mariage, on se rend compte qu’elle est, à l’origine, orientée sur l’asservissement de la femme et de ses enfants à la toute puissance masculine.  
 
Ce machisme ambiant ayant tendance à disparaître, même si trop lentement, les religions, dans leur grande sagesse se doivent de montrer l’exemple et de jouer, de façon moderne, un rôle dans l’émancipation de la société. Doux rêve !
  
Relevons, à ce stade, qu’il ne s’agit en fait que de légiférer, au travers de la loi en préparation, sur le mariage civil, de manière laïque, et que l’église étant depuis 1905, séparée de l’État, rien n’empêche les différentes religions de filtrer leurs ouailles. Ce qui est déjà fait depuis longtemps, refusant aux divorcés la cérémonie religieuse complète, par exemple.  (…)