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 d’ADHEOS

Fin de partie. A une semaine de la manifestation contre le "mariage pour tous", prévue le 13 janvier à Paris, le ministre de l’éducation, Vincent Peillon, rappelle à l’ordre l’enseignement catholique. M. Peillon a annoncé au Monde l’envoi à ses recteurs d’un courrier leur enjoignant d’observer "la plus grande vigilance" en ce qui concerne les établissements privés scolarisant 2 millions d’enfants, quasiment un jeune sur cinq.
 
"Il ne me semble pas opportun d’importer dans l’école le débat sur le mariage pour tous. Je considère même qu’en adressant une lettre aux chefs d’établissement, le secrétaire de l’enseignement catholique a commis une faute", déclare le ministre.
 
M. Peillon craint que ces débats ne laissent s’insinuer ici ou là quelques relents d’homophobie. "Je ne veux pas raviver la guerre scolaire. Et suis très respectueux du caractère propre de l’enseignement catholique. Mais, en retour, cet enseignement, qui est sous contrat avec l’Etat, doit respecter le principe de neutralité et de liberté de conscience de chacun. Il est du devoir de l’Etat d’être garant du respect de ces principes. N’oublions jamais que nous avons affaire à des adolescents et que les tentatives de suicide sont cinq fois plus fréquentes chez les jeunes qui se découvrent homosexuels que chez les autres."
 
"INVITATION À OUVRIR LA DISCUSSION"
 
Le 12 décembre 2012, le secrétaire général de l’enseignement catholique, Eric de Labarre, avait adressé un courrier à ses 8 300 chefs d’établissement, leur rappelant la position officielle de l’enseignement catholique – contre le mariage pour tous – et évoquant l’organisation de débats.
 
Du point de vue du droit, la loi Debré de 1959, qui régit le privé sous contrat, autorise à rappeler la position de l’Eglise au sein d’un établissement scolaire privé, en respectant la liberté de conscience de chacun et sans que cela se heurte à l’application des programmes scolaires nationaux. C’est le "caractère propre" de ces établissements qui octroie cette marge de manoeuvre.
 
Utilisant cet espace de liberté, la lettre de M. de Labarre précisait que "chaque école, collège ou lycée, peut prendre les initiatives qui lui paraissent localement les plus adaptées pour permettre à chacun l’exercice d’une liberté éclairée à l’égard des choix aujourd’hui envisagés par les pouvoirs publics".
 
Faut-il lire dans ce texte un appel à manifester ? En l’absence des arguments de M. de Labarre, qui n’a pas souhaité répondre au Monde, quelques syndicalistes de l’enseignement catholique ont accepté d’éclairer ce propos. Pour Louis-Marie Fillon, président du SNCEEL, qui regroupe un quart des chefs d’établissement, "c’est seulement une invitation à ouvrir la discussion si le besoin s’en fait sentir".
 
"PRESSION RELIGIEUSE"
 
Un avis que ne partage pas le principal syndicat d’enseignants, la FEP-CFDT, qui estime que ce courrier ne crée pas les conditions du débat, mais "risque plus de servir de caution à certaines opérations partisanes et sectaires qu’à ouvrir des débats éclairés".
 
Le Sundep va plus loin, parlant de "pression religieuse" et craignant que "ce type d’initiative ne soit porteur d’exclusion des personnels et des enfants qui ne rentrent pas dans la représentation de la "normalité" définie par l’Eglise catholique". En revanche, pour Luc Viehé du Spelc, autre syndicat d’enseignants, cette lettre était nécessaire pour répondre à des "demandes de parents d’élèves".
 
Caroline Saliou, la présidente de l’APEL, confirme en effet que "trois types de sollicitations" lui sont remontées depuis la diffusion, le 19 octobre 2012, d’un communiqué de son organisation marquant son "opposition ferme au projet de loi". "Des félicitations pour notre prise de position, des regrets que nous n’appelions pas à manifester le 13 janvier, et aussi parfois une opposition à notre prise de position", rappelle-t-elle.
 
Les 843 000 parents d’élèves que regroupe cette association sont très divers. Selon une étude du Credoc de 2004, seuls 14 % choisissent le privé pour des raisons confessionnelles.