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 d’ADHEOS

Plusieurs milliers de personnes ont défilé à Paris dimanche pour dénoncer la "banalisation" de l’avortement.
 
Et « viva España » ! Hissés sur le lion de Belfort de la place Denfert Rochereau, à Paris (14e arrondissement), dimanche 19 janvier, les manifestants de la « Marche pour la vie » opposés à l’avortement chantonnent à la gloire de Madrid en agitant les drapeaux rouge et or aux côtés d’emblèmes à fleurs de lys.
 
Le collectif qui mène depuis neuf ans un combat contre l’IVG qualifiée tantôt d’« attentat à la dignité humaine » tantôt de « génocide médical » sent l’« espoir » venu de Madrid : le 20 décembre 2013, le chef du gouvernement espagnol, le conservateur Mariano Rajoy, a présenté en conseil des ministres une loi restreignant l’avortement aux seuls cas de viols et de mise en danger de physique ou psychique de la femme.
 
« C’est formidable. C’est l’espérance pour nous », s’enflamme le père Argouarc’h, en tenue de messe, s’apprêtant à « dire le chapelet », en fin de cortège, avec le docteur Xavier Dor, féroce militant anti-IVG. Plus loin, des familles se pressent pour prendre le départ du cortège. Des jeunes en sweat shirts rouges imprimés « j’aime la vie », dansent sur l’air de « Vamos à la playa ». Deux garçons en caban bleu marine et raie sur le côté tiennent la main de leur mère.
 
Certains sont venus de Reims, d’autres de Bretagne. Jean-Luc, lui, arrive de Gif-sur-Yvette avec femme et enfants. Tous avaient déjà fait le déplacement pour la Manif pour tous. Aujourd’hui, pour être à l’heure, « on a été à la messe sur la route, et on a pris des sandwiches », explique-t-il. Cheveux rares, sourire apaisé, il tient lui aussi fièrement le drapeau espagnol en mains. « On souhaite que la France prenne exemple sur l’Espagne, dit-il, il y a des choses absurdes. Ici des bébés animaux sont mieux traités que des bébés humains ! ».

UNE DÉLÉGATION ESPAGNOLE DANS LES CORTÈGES
 
Marc, un jeune homme à la voix douce n’a pas de drapeau mais un crucifix géant dans les mains. Il n’en est pas moins admiratif de Madrid. A coté de lui, deux petites femmes âgées opinent. « Il y a un film qui circule sur Youtube sur l’avortement. C’est ça qui a ému les Espagnols ! », prétend l’une. « On y voit des enfants dé-chi-que-tés, dit sa copine aux cheveux gris recouverts d’un béret rose angora. « Non, non , pas déchiquetés », corrige l’autre, évoquant tout de même des fœtus traités comme « des déchets ».
 
Le collectif s’apprête à descendre jusqu’à la place Vauban. Tous enragent que le gouvernement soutienne l’amendement à la loi sur l’égalité entre les femmes et les hommes visant à supprimer l’idée de la nécessaire « situation de détresse » de la femme pour avoir recours à l’IVG. De quoi, disent-ils « banaliser » le procédé quand l’Espagne prend un chemin inverse.
 
Pour mobiliser les troupes, les organisateurs ont convié une délégation espagnole composée, entre autres, de Luis Péral, sénateur du parti populaire et secrétaire général de l’association Famille et dignité humaine. Le début d’une tournée européenne pour défendre la loi espagnole qui soulève le cœur des féministes et des sociaux démocrates à Bruxelles ? « Pas pour l’instant, mais il faut expliquer les choses », reconnaît M.Péral dans un français parfait.
 
Promesse électorale de M.Rajoy, la loi anti-IVG est contestée au sein même du PP mais M.Péral en est sûr ; même s’il est amendé, le texte sera maintenu, voire « perfectionné ». « Le PP ne doit pas gouverner en suivant follement les enquêtes d’opinion », dit-il. « Cette loi est progressiste. Elle défend le droit à vivre. Le droit d’avorter, lui, n’existe pas ». A côté de lui, Cécile Edel, porte-parole de la Marche pour la vie et Jean-Marie le Méné, président de la fondation Jérôme Lejeune, acquiescent sans réprimer un sourire.